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Rêves Partagés

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Message  Drake Mer 2 Nov - 10:49

Bienvenue sur ma fiction "Rêves Partagés" !


Je tombai au sol, les yeux mis clos, les membres engourdis et le corps ouvert de part en part par des plaies béantes qui laissaient se répandre mon sang écarlate sur le sable de la plage autrefois paradisiaque. 
La plage de ma souffrance.


Chapitre 1 : Humiliation 

- A VOS ARCS !
Le cri du commandant de guerre me fit lever d'un bond. Regardant de gauche à droite, je me rendis compte que mes camarades n'étaient plus dans leurs lits. J'enfilai rapidement mon armure et courus auprès des autres sur le terrain d'entraînement, sur lequel un géant de plus de deux mètres donnait des instructions en hurlant aux soldats de la mythique division de l'Aile du Serpent. L'homme se tourna vers moi et sourit de façon malsaine. 
- Tiens, tiens, monsieur Silas se décide a nous rejoindre ! 
Le sourire s'effaça de son visage couvert de balafres. 
Il approcha et sortit son fouet en écailles de mithril. 
- Vous pensez que je vais laisser passer ce retard incongru dans MON service ? NON monsieur Silas, je ne le permettrai JAMAIS !
La visière de mon casque se couvrit de ses postillons et son haleine fétide parvint jusqu'à mes narines. Réprimant une envie de vomir je répondis d'une voix posée :
- Pardon cela ne se reproduira plus, commandant Grey.
Me préparant au supplice je me redressai et serrai les dents. Le fouet s'éleva dans les cieux, puis retomba sur mon protège-joue, faisant voler mon casque en l'air. Il s'envola à nouveau, mais retomba cette fois ci sur mon visage découvert. Une douleur cinglante me fit tomber à genoux. Les coups s'enchainaient avec de plus en plus de violence partout sur mon corps. Tout a coup, une voix salvatrice prononça les mots qui me semblèrent les plus merveilleux à cet instant.
- Grey, cessez de martyriser ma recrue. 
Devant moi se tenait une créature magnifique, aux yeux verts comme les forêts. Je n'apercevais que ces yeux, perfections hypnotiques a travers le sang qui coulait de mes multiples marques de coups de fouet. 
- Silas, venez avec moi. 
Grey me saisit d'une poigne ferme et me projeta vers la femme 
en marmonnant quelque chose a propos de la poitrine de ma libératrice. Rejetant mes longs cheveux noirs hors de mes yeux, je m'aperçus que tous les guerriers m'observaient avec mépris. Ils riaient et conversaient a voix basse. Arrivé près de la jeune femme, je m'écroulai. Elle me rattrapa in extremis, chancellent sous mon poids. Je n'avais pas remarqué qu'elle était si frêle, mais sa force m'étonna.
Je me relevai difficilement et réussis a tenir debout. Escorté de la femme, je parvins a une petite tente dressée a l'écart du camp principal. Elle me coucha sur une petite paillasse, puis s'éloigna pour revenir avec un cruchon d'eau. Elle me fit un peu boire, pansa mes blessures, puis s'assit sur la paillasse. Elle approcha son visage du mien. Mon cœur battit plus fort dans ma poitrine. Ses yeux n'étaient plus qu'a quelques centimètres des miens mais une expression de colère passa sur son visage et elle me gifla. 
- Tu n'es même pas capable de tenir plus d'une semaine dans cette division sans te faire remarquer, hurla-t-elle, si je t'ai accordé ce nouveau départ dans les Ailes de Serpent, ce n'est pas pour rien ! J'ai remarqué ton potentiel de gladiateur et ai décidé de te sauver a la place de tant d'autres malheureux je...
Elle continua de parler tandis que je réunissais mes pensées. 
Quelques jours plus tôt, je croupissais encore dans une cellule humide, comptant les heures entre chaque combat. J'avais été arrêté par les hommes de l'empereur a cause d'une histoire de trafic de griffes de dragons. Comme beaucoup de malfaiteurs, j'avais fini en gladiateur pour le compte de sales riches qui ne demandaient que du sang inutile de pauvres gens. J'avais survécu pendant un mois ou deux, enchainant massacre sur massacre,  jusqu'à ce que la femme aux yeux verts vienne me libérer sous prétexte de manque d'hommes pour le front. Le souvenir de mon dernier combat me revint et la scène qui envahissait mon esprit lors de chacun de mes rêves apparut a mes yeux fatigués:

" Le riche commanditaire du combat se leva et choisit parmi les prisonniers deux personnes : il les désigna d'un vulgaire geste de son doigt grassouillet, puis se rassit. Les combattants avancèrent dans l'arène les yeux bandés. Il y avait un jeune homme musclé aux cheveux noirs et un vieillard presque chauve; ce dernier tremblait de tous ses membres. Les opposants dévoilèrent leurs yeux. Le plus jeune eut un regard paniqué, mais reçut son glaive avec des mains fermes. Le vieux saisit le poignard qu'on lui tendait avec résignation : il savait qu'il allait mourir. Ce fut bref. Lorsque l'homme aux cheveux noirs eut un pied sur le torse maigre du vieillard et le glaive sur la carotide de l'ancien, il tourna un regard suppliant vers le riche, espérant un verdict favorable au vieillard, mais le pouce du gros homme se tourna vers le bas et le jeune dût transpercer la gorge du vieil homme sous peine de se faire égorger devant les yeux avides de sang des riches imbéciles. 
Ce jour la, Silas tua son propre père."

Je réfléchissais à cela en observant les tapisseries qui recouvraient les parois de la tente.
La femme continuait de parler, mais je la coupai au beau milieu d'une phrase, et laissai échapper trois mots, qui me coutèrent énormément d'énergie :
- Qui es-tu ?
La femme posa ses beaux yeux sur moi, avec un petit sourire, et répondit: 
- Quelqu'un qui te veut du bien, Silas, mais si tu souhaites m'appeler par mon nom, considère que je m'appelle Laelia.
Je reconnus un nom à consonance elfique. Et si... ?
Quand elle se pencha pour ramasser un livre par terre, ses oreilles pointues percèrent la masse de ses épais cheveux noirs. Mon hôte était bien un elfe, ce qui expliquait sa beauté et ses yeux d'un vert si profond.
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 18:24

Chapitre 2 : Vengeance mortelle

Quelques heures plus tard, Laelia me renvoya à l'entrainement. Je souffrais toujours de multiples contusions mais obéis tout de même. Tout en me dirigeant vers la petite arène, je me posais des questions sur cette elfe. 
Comment était elle parvenue a entrer dans l'armée ?
Qui était elle pour faire libérer un gladiateur comme moi ?
Ces questions restaient sans réponses apparentes...
En m'apercevant, Grey se mît a rire :
- Tenez les gars, regardez ce que l'on devient à force de dormir ! Une créature molle et visqueuse qui a besoin d'une femme pour tenir debout !
Et il partit d'un rire gras, repris par tous les soldats.
Ma rage bouillonnait dans mon corps entier. 
Pour qui se prenait il, ce sale chien ? Il allait payer...
- Hé ! le toutou de l'empereur, au lieu de gueuler des ordres comme un possédé, si tu venais montrer ta force ? 
Il tourna la tête lentement vers moi. Un rictus haineux fendit son visage. 
- Toi...
Il frappa un homme a la tête et lui arracha son épée. 
- Tu vas voir ce qu'il dit, le toutou...
 Puis il me bondit dessus, j'esquivai avec facilité et lâchai malgré moi:
- Héla, t'es tellement courageux que tu affrontes un homme désarmé ? 
Je courus vers lui, esquivant chacun de ses coups. Il se fendit en avant, tentant de me transpercer. Tous mes réflexes guerriers me revinrent et je saisis la garde de l'épée, puis la retournai vers son ventre. Abasourdi, il s'écroula dans la poussière, sa propre arme enfoncée dans son corps. 
Ses yeux fous roulaient dans leurs orbites et il crachait le peu de sang qu'il lui restait. J'approchai et lui dis ces quelques mots, qui durent lui être fatals. 
- Je maudis ta famille, ton sang et ta chair a jamais. 
C'était un vieille coutume de gladiateur. Lorsque l'on maudissait un ennemi agonisant, les spectateurs étaient heureux et vous lançaient des pièces de monnaie. Retirant la lame de son corps, je la levai vers les cieux, acclamé par certains soldats. Peu a peu, des vivats éclatèrent. Ils disaient tous les mêmes paroles : "Gloire au nouveau commandant !!" "Gloire a Silas !!"
Ce ne fut qu'à cet instant que je compris que j'avais pris la place de Grey.

Chapitre 3 : Rêves et dragons 

Il faudrait que je vous parle de la hiérarchie dans ce pays de fous qu'est Caelista. Le seul moyen de ne pas finir pauvre et sans métier, était d'assassiner les gens qui occupaient l'emploi convoité. Au début, je ne voulais pas participer a ces histoires, mais mon marché noir a été découvert et j'ai du me battre a mort avec de pauvres gens. 
C'est ainsi que je suis devenu commandant des Ailes de Serpent. En une semaine, je suis passé de gladiateur condamné a mourir dans l'arène a militaire respecté. Depuis ce jour, je n'ai plus vu Laelia avant de longues semaines. Jusqu'à ce jour ou, me réveillant après un cauchemar terrible, je la revis sur le pas de l'entrée de la tente. Elle sourit, puis me fit signe de la suivre. Nous marchâmes un moment sans se parler, avant d'entrer dans un grande clairière. Parvenus a une clairière éclairée par les rayons du soleil transperçant le feuillage des arbres immenses, ces derniers fleuraient bon les fruits sauvages et les fleurs exotiques. Cet endroit était réellement magnifique. Laelia me prit la main droite entre ses doigts fins et prononça des paroles dans sa langue elfique. Ma paume se couvrit alors de symboles assez spéciaux. Pourtant je comprenais ce qui était écrit car je savais de quelle écriture il s'agissait. C'était du draconique. Il était écrit : " Toi qui par cette marque est appelé, ta vocation tu devras trouver... "
- Que...? 
Laelia me mît un doigt sur les lèvres et désigna un cercle au milieu de la clairière. Lorsque que j'en approchai, les runes sur ma main me brulèrent. Alors que la douleur embrasait tout mon corps, mes yeux se révulsèrent et je me suis évanoui.
Dans mon rêve, des ailes avaient poussé dans mon dos. Le ciel s'abattit sur moi il s'agissait en fait de dragons m'observant d'un œil critique. 
- Est-ce vraiment lui le seul capable de vaincre l'empereur ? Un dragon doré avait pris la parole d'une voix grondante.
Un autre dragon, vert celui-ci, répondit :
- Moi je lui accorde toute ma confiance.
 Il s'agenouilla avec respect devant moi en inclinant le tête. D'autres firent de même. Plus de la moitié des bêtes ailées étaient a présent a mes pieds. Le dragon doré soupira, puis poussa un hurlement. Un éclair s'abattit devant moi, puis s'écarta, laissant apparaitre une épée dont la lame verte étincelait. 
Le premier dragon vert a avoir parlé se leva et me cracha du feu dessus. Tout d'abord je fus effrayé, mais les flammes étaient agréables au toucher. 
- Si un jour tu te retrouves seul, elfe, prononce mon nom trois fois. Je viendrai a ton secours. 
N'ayant plus le temps de poser les dizaines de questions qui trottaient dans ma tête (dont le nom du dragon), je fus aspiré par un vide immense et pour la seconde fois, je me suis évanoui.
Lorsque je me réveillai, le jour s'était déjà levé. Tournant la tête de gauche a droite, je me rendus compte que Laelia n'était plus là. Par contre, un vieux parchemin retint mon attention. Sur ce petit morceau de papier était dessinée une flèche pointant vers ce qui semblait être une grande forêt. La carte indiquait que le nom de cette forêt était "Selalia". Au dos du message se trouvait une petite annotation : "Suis cette carte".
Fort de nouvelles questions, je me mis en route vers le camp afin de retrouver Laelia et de lui poser certaines questions. Le chemin était beaucoup plus long que ce qu'il m'avait semblé durant la nuit. J'eus donc tout le temps de réfléchir a ce rêve étrange ou des dragons me parlaient. Les dragons étaient pour moi des animaux extrêmement importants. Tout d'abord parce qu'ils étaient majestueux et légendaires mais également parce qu'ils étaient a la source de mon marché noir. Je vendais des fausses griffes tout en vantant leurs soi-disants pouvoirs magiques.
Une parole de l'un des dragons me vint en tête. Il m'avait appelé "elfe". 
Pourquoi ? Mes oreilles étaient parfaitement rondes. Je n'avais pas les yeux en amande.
Se serait-il trompé ?
Une fois de plus, il me manquait des réponses....


Chapitre 4 : Macabres découvertes 

De loin, le poste de guerre des Ailes de Serpent me parut normal. Mais alors que j'en approchais, je remarquai le silence inhabituel de l'endroit. D'habitude, les soldats étaient déjà levés, prêts a s'entrainer... Une fois rentré, ce fut l'odeur qui me frappa. Une odeur terrible, pestilentielle voire nauséabonde... Cette odeur, je ne la connaissais que trop bien, c'était celle de la mort.
Pris d'une inquiétude soudaine, je courus dans le dortoir des militaires. Ils étaient tous étendus dans leur lit. Soulagé, je secouai le premier venu dans l'espoir de le réveiller. Sa tête se détacha après une plus puissante bourrade et vint rouler a mes pieds. Ses yeux étaient arrachés et des vers grouillaient dans sa bouche. Réprimant un hurlement de terreur, je courus dans ma tente. Tout était encore parfaitement en ordre ce qui contrastait avec l'horreur du dortoir. Quelque chose était posé sur mon lit. Une épée a la lame verte, celle de mon rêve. Je la saisis délicatement et l'observai de plus près, fasciné. La lame était gravée d'un magnifique dragon, le pommeau était en argent, incrusté d'une émeraude et la garde était ornée du nom de l'épée, Kil'lalia. Sans même le vouloir, je pus traduire la langue. "Tueuse Verte".
Absorbé par la contemplation de ce cadeau, je ne remarquai pas l'homme qui entra. Ce fut le bruit de sa respiration sifflante qui m'alerta. Me retournant je vis un homme grand dont le visage était recouvert par un capuchon. Il tenait une masse qui devait au moins peser une dizaine de kilos. Je déglutis avec difficulté lorsqu'il s'approcha. Heureusement, j'étais plus rapide que lui, et avant qu'il ait compris ce qui lui arrivait, j'étais sorti, Kil'lalia a la main. J'eus alors la mauvaise surprise de voir qu'un de ses petits camarades l'avait rejoint. Encerclé, je n'avais pas le choix, j'allais devoir combattre.
Esquivant leurs coups, je pris mon épée a deux mains et tentai un estoc. Celui que je visais bloqua avec son gourdin, mais a ma plus grande surprise, Kil'Lalia s'enfonça dans le bois comme dans du beurre et ressortit du côté de mon adversaire. Étonné, il observait la pointe verte qui se présentait a lui. D'un mouvement sec du poignet, je dégageai ma lame et tournai sur moi-même, parant le coup du deuxième homme masqué. D'un mouvement rapide, je me fendis et transperçai son corps de part en part. Il s'écroula. Un de moins. L'autre, remis de ses frayeurs, m'attaquait déjà. J'exécutai un roulade afin de me retrouver derrière lui. Un éclair vert jaillit et il alla rejoindre son camarade au sol. Voyant qu'il tentait de se relever. Je saisis la garde de Kil'Lalia a deux mains, sautai et plantai la lame jusqu'à la garde dans son dos. Ils gisaient devant moi, toujours masqués. Ce fut alors que je remarquai les griffes et les écailles recouvrant leurs mains. Pris d'un doute, je m'approchai et soulevai doucement le capuchon. Je n'avais jamais rien vu de tel. Des yeux bleu électrique sans pupille étaient encadrés par des écailles magenta. Le reste du visage était recouvert d'une petite pellicule de peau transparente, laissant apparaitre les os saillants de leurs mâchoires. Il y avait également une dizaine de barbillons fluorescents qui luisaient dans la pénombre de leur capuche. Je restai incrédule devant cette créature, me demandant quel démon avait eu l'effroyable idée de créer cette horreur vivante. Un gargouillement retentit, me faisant détourner les yeux de ce faciès immonde. Son sang coulait, il était violet et bouillonnait.  Des bulles éclataient, laissant échapper du pus verdâtre. Dans cette matière dégoûtante, des vers se trémoussaient. Ils avaient l'air de vouloir m'atteindre. Je me relevai rapidement et reculai, car les vers grandissaient plus vite que les éclairs grondant au loin. En moins de deux minutes, des larves de taille humaines se solidifiaient en se couvrant de croutes. Je courus afin d'éloigner mes yeux de cet écœurant spectacle mais des silhouettes se dressaient devant moi. Il s'agissait des cadavres de mes anciens compagnons. Je n'eus d'autre choix que de fuir devant cette armée de revenants prêts a me faire sauter la tête. Dans ma course effrénée, je ne regardais plus ou j'allais et me cognai finalement contre quelqu'un. Espérant qu'il ne s'agissait pas d'un mort empli de vengeance, je levai les yeux. C'était Laelia, collée a la paroi de l'un des dortoirs. Elle était morte. Ses bras et ses jambes étaient en croix et ses mains et ses pieds étaient cloués au mur. Empli de tristesse, je tombai a genoux en lâchant Kil'lalia. Ce fut alors qu'un parchemin se matérialisa de nulle part et tomba devant moi. Quatre pauvres mots étaient écrits dessus. 
"Grey est de retour. Laelia."
C'était impossible. J'avais assisté à l'incinération de son corps. Il était mort. J'en étais certain.
Je poussai un hurlement comme je n'en avais jamais poussé. 
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 18:26


Chapitre 5 : Greos

Je me sentais plus seul que jamais. Plus seul que dans ma cellule de gladiateur. Plus seul que dans l'arène. Trop seul.
"Greos"
- Qui est là ? Je me relevai. 
"Greos"
- Je ne le répéterai pas ! Qui est là ?
"Greos"
Je compris alors que la voix venait de mon esprit. D'un coin de mon esprit qui avait toujours été là. Sans que je le sache. Ce nom...
- Greos ! 
Mon corps tout entier commença a se réchauffer.
- Greos !
La marque sur la main droite devenait incandescente.
- GREOS !!
Le troisième cri me fit littéralement m'embraser.
Le ciel fusionnait avec la terre, le soleil avec la lune, le corps avec l'âme. Du sol monta un énorme grondement. Tout brulait autour de moi. Un gouffre béant s'ouvrit alors et des entrailles de ce trou sortit une pierre de la taille de mon poing. Elle voleta jusqu'à ma paume brulante et se posa dessus. Les éléments déchainés autour de moi se calmèrent d'un coup et je tombai a la renverse en m'évanouissant.

Chapitre 6 : Egreta

Je me réveillai dans une petite pièce peu décorée. Quelqu'un était assis en tailleur à mes côtés. C'était une vieille dame et elle lisait. Une aura de paix l'entourait de telle sorte que je me sentis rapidement calmé. Elle tourna ses yeux vers moi. Je m'aperçus qu'elle était borgne. La femme me sourit.
- Tiens, tu te réveilles, toi ?
Elle se leva et revint avec une petite tasse.  Je la saisis et reniflai le contenu rouge. Ça fleurait la pomme et la fraise.
- Bois, je ne vais pas t'empoisonner mon mignon. 
J'avalai la boisson qui avait un goût extraordinaire. 
- Qui êtes vous ?
Elle se mît a rire d'un rire cristallin qui me rappela le tintement de petites clochettes.
- Hé bien, mon petit, je suis surtout une vieille folle ! J'ai oublié mon nom d'origine depuis longtemps ! Je me plais à trouver un nouveau nom pour chaque année qui passe. Cette année, tu peux m'appeler Egreta. Et toi ?
Le doute surgit dans mon esprit. Pouvais-je confier mon nom à une femme qui avait elle-même oublié le sien ? Je jouai la carte de la méfiance.
- Rallen Setis, madame.
- Bien Rallen. Penses tu pouvoir te relever ?
- Heu... Oui...
Je rejetai les couvertures et m'assis sur le lit. Je m'aperçus que ma main droite était crispée sur quelque chose. Les récents événements resurgirent dans ma tête. Je dépliai mes doigts et la petite pierre roula sur le lit. Elle était verte et parcourue de veinules argentées. J'avais découvert le nom du dragon vert et il était venu à moi, tel qu'il me l'avait promis.
J'avais devant moi l'oeuf d'un animal mythique que seules quelques rares personnes avaient pu contempler en chair et en os.
Egreta n'avait rien remarqué, elle lisait son livre avec distraction. Je cachai l'oeuf, puis me levai et constatai avec soulagement que mes jambes me portaient avec facilité. Je fis une rapide inspection des lieux : mon lit de trouvait face à un feu brulant doucement dans une cheminée en pierre. Un chaudron était posé sur les flammes. Il contenait probablement ce que je venais de boire. Le reste de la pièce contenait presque uniquement des livres éparpillés un peu partout. Quelque chose se frotta contre ma jambe. Il s'agissait d'un gros chat roux. Je le caressai tout en me rasseyant sur le matelas. Il sauta près de moi et commença à ronronner.
- Ronan t'apprécie beaucoup visiblement. 
Egreta avait levé son œil valide de son livre et souriait. 
- Repose-toi encore un peu. Je te réveillerai pour le repas. Je me couchai sur le lit, Ronan collé à moi.

Chapitre 7: Souvenirs d'enfance

Pour la première fois depuis des semaines, mes rêves furent calmes. Mon enfance me réapparut, de façon très douce.

" - Silas, viens près de moi.
Un petit garçon aux cheveux d'un noir de jais courut à travers un grand couloir. Il arriva dans une chambre où une jeune femme était assise sur le lit, occupée à peindre un grand tableau.
- Oui maman ?
- Qu'en penses-tu ?
Le garçonnet pencha la tête d'un air critique, puis sourit d'un sourire d'enfant, vrai et sincère.
- C'est magnifique maman !
Il sauta au cou de sa mère en riant.
La femme jeta un dernier regard vers son œuvre, un dragon immortalisé en plein vol.
La porte se rouvrit, laissant entrer un homme. Il porte une couronne dorée et une longue cape brodée.
- Mon fils, mon unique fils, ce jour est particulier. Il s'agit du jour de tes sept printemps. Il est donc temps pour toi de choisir ton élément, ta force, ta puissance. 
Le roi tendit la main à son fils et l'arracha aux bras de sa mère. Ils parcoururent un long chemin avant d'arriver devant une porte d'où s'échappaient des rais de lumière, illuminant le visage émerveillé du petit Silas. Le roi posa sa paume sur la porte et la lueur éblouit le petit. Ses yeux habitués aux éclairs lumineux, il entra. Dans la grotte se trouvaient quatre immenses statues de différentes couleurs. Une bleue, couverte de givre, une rouge, emplie de flammes irréelles, une verte, dont les tourbillons venteux tournoyaient paresseusement et une noire, entourée de volutes ténébreuses.
Silas approcha de la statue rouge et la toucha. Un déluge de flammes s'abattit sur lui, l'engloutissant complètement."

- Tu étais très mignon lorsque tu étais petit, Rallen.
La voix d'Egreta me tira de mon sommeil.
Je me retournai vers elle. Elle était appuyée contre le mur, un bol fumant à la main.
- Que dites-vous ?
Elle approcha avec un air désolé. 
- J'ai... Une espèce de don, ou de malédiction... Je vois... Les rêves des gens.
Devant mon visage incrédule, elle me sourit.
- Tu ne m'as pas l'air convaincu. Bois ta soupe et je t'expliquerai mon histoire.
Je saisis le bol qu'elle me tendait et me calai plus confortablement dans mes couvertures.

Chapitre 8 : Qui est Egreta ?

La vieille dame tira un fauteuil que je n'avais pas remarqué plus tôt.
"Mon histoire commence il y a bien longtemps, à l'époque où j'étais une jolie jeune fille. Je vivais dans une petite chaumière à l'orée d'une grande forêt, en compagnie de mon père, ma mère étant morte en couches. Un jour d'hiver, mon père partit couper du bois dans le bois tout proche. Il ne revenait pas, je partis donc à sa recherche, malgré le froid qui régnait et la neige qui tombait. Je me perdis au milieu des arbres givrés. Un hurlement m'attira alors dans un petit coin que la neige n'avait pas atteint. Papa se trouvait là, une jambe prise dans un piège à loup. Il gémissait, sa jambe pleine de sang. Il leva les yeux avec soulagement dès qu'il me vit. Mais je fus saisie par un sentiment tenaillant, fort, intense même. La faim. Je pris un morceau de bois dans mes petits doigts glacés et le frappai à la tête. Jusqu'à ce qu'il se taise. Jusqu'à ce qu'il meure. Et je l'ai mangé. Depuis, je peux voir les rêves des gens que j'ai mordu."
Comme dans un cauchemar, elle découvrit ses dents dans un sourire cruel. Ses canines devinrent plus longues, plus pointues. Sa peau tomba en lambeau, et j'eus bientôt devant moi un squelette animé d'une volonté propre aux dents affutées comme des sabres. Je me levai d'un bond et courus vers le chaudron, afin de saisir la louche et d'en m'en saisir comme une arme. Mais quelque chose me mordit. Un livre. Un des livres de la vieille. Avec des crocs. Tous les bouquins se dressèrent sur de petites pattes en poussant des petits cris.
J'écrasai mon petit adversaire d'un coup de talon. Me saisissant de la louche, je vis que le chaudron contenait du sang. Du sang qui fleurait la pomme et la fraise. Retenant mes hauts-le-cœur, j'écrasai mon arme de fortune sur des agresseurs dont les pages s'envolaient au rythme de mes coups.
Le squelette approchait également en portant un félin osseux dans ses bras.
- Allons, Rallen, abandonne, il ne te sert à rien de lutter...
Je suais à grosses gouttes lorsque j'aperçus Kil'lalia, suspendue au-dessus de la cheminée. Je bondis et l'attrapai. Les livres vivants s'éloignèrent à la vue de la lame verte. Egreta eut elle-même un mouvement de recul. 
- Merci de l'accueil si aimable, Harpie !
Et je fonçai et lui tranchai la tête, ou plutôt ce qu'il en restait.
Le crâne roula par terre avec un raclement lugubre. 
La Dévoreuse de Rêves était morte. Pour combien de temps, je l'ignorais, mais morte tout de même. 

Chapitre 9 : Une aide imprévue 

Le combat m'avait vidé de toutes mes forces mais je ne voulais pas rester un instant de plus dans cette chaumière de la mort. Je récupérai l'oeuf, puis sortis. La lumière qui régnait dehors m'éblouit un instant. Je respirai un grand coup, tentant de chasser la nausée qui envahissait ma poitrine. Je parcourus quelques mètres dans la forêt qui entourait la maisonnette mais j'eus un mauvais pressentiment et partis donc dans la direction opposée. Il y avait des cadavres d'animaux dans un périmètre de plus ou moins un kilomètre autour de la maison. Sans doute les victimes de Ronan, le chat squelette.
Bientôt, le paysage devint plus accueillant. Des prairies entouraient le petit chemin de terre. Quelques arbres verts complétaient ce pittoresque endroit. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais bien. J'avalais rapidement du chemin, si bien que je me retrouvai dans un petit village de sympathiques paysans. Dès mon arrivée, ils m'accueillirent à bras ouverts, chacun proposant sa maison pour me loger. Finalement, un homme d'un certain âge survint au milieu de ces braves gens. 
- Jeune homme, je suis Bentos, le patriarche de notre petit hameau de Samor. Je te souhaite la bienvenue. Loge chez qui tu le veux, mais sache que ma porte t'es également ouverte.
- Merci beaucoup, Bentos, je me prénomme Silas. Je me ferais une joie de jouir de votre hospitalité.
Je m'inclinai afin de lui exprimer ma gratitude.
- Suis moi donc. Je vais te faire faire le tour de notre petite communauté.
En moins de deux heures, je connus et fus connu de tout Samor. Je fus surpris de la gentillesse des habitants. Les personnes les plus simples étaient souvent les plus agréables à vivre. Une jeune femme vint même à ma rencontre et me passa un bracelet au poignet. Une petite pierre précieuse y était accrochée.
- Je ne peux pas accepter, mademoiselle, ... C'est trop pour moi.
Je voyais leur pauvreté. Il m'était impossible de les dépouiller de cette petite richesse.
- Gardez-le, en souvenir de notre village.
Elle me prit dans ses bras, puis s'en alla en courant.
- Vous plaisez beaucoup à ma petite-fille, commenta Bentos.
- C'est votre petite-fille ? 
- Oui. Elle se nomme Calysta. 
Ses yeux se voilèrent et il détourna le visage.
- Continuons.
Je passai donc la nuit dans la maison du patriarche.
Le lendemain, des femmes du village arrivèrent avec des provisions. Tous les habitants voulaient me souhaiter bon voyage. 
- Je... Je... Ne sais pas quoi dire devant votre amitié et votre hospitalité. Le village de Samor restera à jamais gravé dans ma mémoire. 
Tous les villageois m'applaudirent. Leurs ovations se turent brusquement. Un hurlement avait retenti non loin du village. 
Je vis alors que Calysta n'était pas dans le groupe. 
Mon instinct fit surface et je commençai à courir vers l'origine du cri.
Un géant en capuche était en train de hisser la jeune femme sur son épaule. Je dégainai Kil'lalia en hurlant. Il lâcha Calysta et se tourna vers moi. Il prit une masse en bois attachée à son ceinturon. J'eus la désagréable sensation de redécouvrir mon camp en proie au chaos. Il approcha et me cracha son haleine nauséabonde au visage. J'aperçus des barbillons qui brillaient dans la pénombre de la capuche. C'était le sosie de mes hommes-poissons du camp. Je repoussai sa massue avec grâce. D'un mouvement nerveux, je plantai ma lame dans son entrejambe. Il tomba à genoux. Je sautai et fichai l'épée dans son crâne. Le sang souilla le vert pur de la lame de Kil'lalia.
Souriant de cette victoire si facile, je ne pris pas garde au coup de fouet venu de derrière moi. Le mithril claqua dans mon dos. Le mithril d'un fouet que je connaissais. Le mithril du fouet de Grey.
Je tombai au sol. Une grande ombre glissa sur moi. 
- Te revoilà, gamin.
Une grosse main me saisit par le col. Elle m'approcha d'un visage caché par un masque de bois percé de deux trous pour les yeux.
- Tu vas me payer ça... 
Et Grey se découvrit le visage. La moitié avait fondu. Une grosse cicatrice zébrait son front et ses yeux fous roulaient dans leurs orbites.
- TU VAS PAYER JEUNE CHIEN !
Il me jeta au sol et lâcha son fouet au profit d'une hache dont la double lame noire semblait aspirer la lumière. 
- MEURS !!
Il leva son arme. La lâcha dans ma direction. Je roulai désespérément sur le côté. Je survécus au premier assaut, mais le prochain me serait sûrement fatal. Je fermai les yeux. Un bruit sourd avait retenti. Grey était au sol, des flammes le dévorant. Sa hache tombait en morceaux. Je me relevai difficilement et regardai autour de moi. Calysta était debout, ses mains semblaient être entourées d'un halo orangé. Elle me contemplait comme si elle ne savait pas ce qu'elle avait fait. Elle s'écroula. Je la pris dans mes bras et la portai jusqu'à Samor où tous les paysans étaient remplis de panique. Ils me sautèrent tous au cou lorsqu'ils virent que j'avais sauvé la petite-fille de Bentos. Je me frayai un chemin à-travers la foule et la déposai sur un lit chez le patriarche. Je la contemplai attentivement pour la première fois. Elle était très jolie, avec ses cheveux dorés et sa peau cuivrées. Elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Bentos me rejoignit dans la petite chambre.
- Vous avez donc vu ses pouvoirs à l'œuvre...
- Comment pouvez-vous le savoir ? Vous n'étiez pas là lors du combat.
- Je possède quelques dons de voyance, mais Calysta me surpasse dans tous les domaines magiques. Je ne voulais surtout pas qu'elle en prenne conscience. Mais c'est apparemment chose faite...
Le vieillard eut le même regard triste que la veille.
- Qu'en pensent ses parents ? 
- Ils sont morts. Elle les a tués à sa naissance. Sans le faire exprès, bien entendu. Ses pouvoirs se sont éveillés brusquement,  produisant une onde de choc qui a détruit mon fils et sa femme.
Je m'en voulus de lui avoir remémoré ces douloureux souvenirs.
- Prenez-là avec vous. 
Les mots du vieillard avaient fusé. Il arborait maintenant un grand sourire sur son vieux visage fatigué.
- Votre force la protégera et sa magie vous sera utile. Je pense que vous avez également compris qu'elle était tombée amoureuse de vous. 
- Amoureuse ? De moi ?
Je ne savais pas, ou presque, ce que signifiait l'amour. Je n'avais jamais eu le temps de m'amouracher de quelqu'un. 
- Mon voyage sera probablement dangereux. Je ne veux pas courir le risque qu'elle se blesse.
- Cela m'importe peu !
Calysta avait ouvert les yeux et me regardait intensément. Ses yeux dorés étaient plongés dans les miens. Elle me prit dans ses bras en pleurant doucement. 
- Pourquoi ne veux-tu pas de moi? Je t'aime !
- Je... C'est d'accord, viens avec moi...
Elle cessa de pleurer et m'embrassa si rapidement que je ne pus rien faire, sinon dire quelque chose de sage et réfléchi ; comme : 
- Gaa...
Calysta sauta du lit et courut dans sa chambre pour récupérer ses affaires.
Bentos partit d'un rire fort. 
- Eh bien, me voilà un futur gendre !
- Je dois prendre l'air, désolé, monsieur...
Je sortis, encore désorienté par ce qui venait de se produire. 
Avais-je bien fait d'accepter la jeune fille comme compagnon de groupe ? 
Comment réagirait-elle face à la naissance du dragon, dont l'oeuf reposait dans ma poche ?
Je soupirai. Je m'étais embarqué sur un terrain glissant.

Chapitre 10 : Désillusion

Je me réveillai difficilement. Je me souvenais que j'avais fait un rêve agréable mais il ne me revenait pas en tête. Je mangeai quelques fruits accrochés à l'arbre sous lequel je m'étais doucement endormi après avoir parcouru quelques kilomètres. Je repris la route tout en essayant de me remémorer ce rêve; je me souvenais bien d'un vieil homme et de sa petite fille, mais rien d'autre...
Le chemin zigzaguait calmement et j'avançais avec plaisir. Ma joie s'évanouit brusquement lorsqu'un petit village m'apparut. Il avait été réduit en cendres. Il s'agissait du village dont j'avais rêvé. Tout devint clair dans ma tête. Je me souvenais parfaitement de Bentos, de Calysta et du visage déchiqueté de Grey. Avais-je détruit Samor ?
Les ruines des petites maisons me remplissaient de chagrin. 
- Ah ah ah, le petit revient parmi nous !
Grey se trouvait là, devant moi, ricanant derrière son masque. Calysta était liée à une poutre derrière lui, inconsciente.
- Tu as fait l'expérience de la Découverte de Morphée !
- De quoi parles-tu ? 
Je dégainai mon épée. Il sourit, ou plutôt grimaça. 
- Je te parle de ton rêve. La Découverte de Morphée est un pouvoir que l'on acquiert après l'assassinat d'un Mangeur de Cauchemar, comme la vieille Egreta. Je le détiens également. Il te permets de découvrir une possibilité du futur qui t'es destiné. 
Mais le cours du temps peut être modifié, comme tu le constates actuellement.
- Donc personne ici ne me connait ?
- Personne. Pas même cette petite effrontée. Elle a tenté de me jeter un sortilège par derrière. En attendant, je vais te retirer la Découverte de Morphée afin de perfectionner la mienne. 
Sans que puisse rien faire, il sortit une longue baguette de sa cape et approcha. J'étais paralysé. Il en profita pour poser le bout de bois sur ma tempe. Il était glacé et provoqua une intense douleur dès qu'il me toucha. Mes forces m'abandonnèrent et je tombai au sol.
- Au revoir, jeune imbécile...
Il perdit sa consistance et s'évapora dans le ciel.
Je ne possédais plus le don de prévoir l'avenir. Peu m'en importait. Je me ruai sur Calysta afin de la détacher. 
Était-elle encore éprise de moi ? Morphée m'avait montré un futur probable, mais en serait-il ainsi ?
Elle avait été gravement blessée par ce fumier de Grey. Des plaies couvraient son corps et elle ne se réveillait pas. Je la pris donc dans mes bras et partis à la recherche de Bentos.

Chapitre 11 :  Renaissance

Je ne trouvai que le corps calciné du patriarche de Samor. Je lui creusai une tombe de fortune. Je ne possédais même pas de stèle afin de lui écrire un dernier hommage. Tous les habitants avaient étés tués sauvagement. Je restai quelques instants immobile devant les restes de ce qui avait été un village joyeux et accueillant. Calysta elle-même ne survécut pas à ses multiples meurtrissures. D'abord Laelia, puis Bentos et enfin Calysta étaient morts. Je devenais un danger pour les gens que je croisais. J'allongeai la jeune fille auprès de son grand père et lui accordait un dernier baiser. Un souffle de chaleur me parcourut alors, revigorant l'entièreté de mon corps. Un halo vert entoura mes mains. La magie de la jeune femme était venue à moi. Un sentiment de culpabilité m'envahit. Elle était morte et je lui volais ses pouvoirs...
- N'aie crainte, valeureux Silas...
- Calysta ? C'est toi ?
- Je ne sais comment tu as appris mon nom, mais il s'agit bien de mon esprit qui s'adresse à toi. Ma magie est désormais la tienne...
La voix disparut dans un dernier souffle. 
- Je te vengerai Calysta, toi, Bentos et Laelia. Je vous vengerai !
Mon cri retentit longtemps après que ma bouche se fut refermée. Un vrombissement retentit et je tombai à genoux. L'oeuf de dragon tomba de la poche. Sa taille tripla en l'espace de quelques instants. De microscopiques fissures se formèrent et s'élargirent rapidement. Bientôt, de petits morceaux de coquille jonchèrent le sol et un petit animal ailé couvert d'écailles se trouva devant moi. Il porta un regard sur mon visage émerveillé. 
- Elfe, sache désormais que Greos le sage est de retour sur cette malheureuse terre ! 
Il rugit et malgré sa petite taille, il me sembla qu'une armée draconique hurlait à mes pieds. 
J'étais désormais accompagné par la plus puissante créature qui ait jamais été créée.

Chapitre 12: Véritable départ 

- Comme tu l'as constaté, mon nom est Greos. Je suis le maître de l'élément du vent, j'ai donc créé toute créature volante en ce monde lors de sa création.
Je connaissais l'histoire des débuts de ce monde. Les dragons s'étaient réunis et avaient désigné cinq dragons pour régner. Le dragon de l'air, de la terre, du feu, de l'eau et des ténèbres.
- Ainsi tu es donc Silas. Le jeune elfe qui a réussi à m'invoquer.
- Greos, je suis humain et non pas elfe.
Le petit animal eut un air songeur.
- Les événements transforment les gens plus qu'ils ne les améliorent... Tu comprendras bien assez tôt... Mais bon, ce n'est pas le sujet de notre conversation. Tout d'abord, il faut que tu me libères en devenant mon maître. 
- Ton maitre ? Mais tu es un des dragons des origines. Je ne peux devenir ton maitre...
- Comprends que ma gloire est révolue. Pose la main sur ma tête.
Je m'exécutai, tout en me demandant ce que me réservait Greos. Lorsque ma main l'effleura, un éclair de lumière jaillit de  mon avant-bras. Lorsque la lueur éclatante se ternit, Greos était devenu une émeraude dont la face polie affichait sa tête de dragon.
- Je communiquerai avec toi grâce à ma pierre spirituelle. Tu peux la placer sur la garde de Kil'lalia. 
M'emparant de l'objet, je le mis en contact avec mon épée. Un nouvel éclair lumineux surgit et ma lame fusionna avec l'émeraude spirituelle.
- Afin de rejoindre la forêt de Selalia, il nous faudra aller vers le nord. Nous passerons sur les terres du roi Minuit.
- Minuit ? Qui est-ce ?
- Un seigneur qui dirige ses terres d'une poigne de fer. Des légendes sur son compte racontent qu'il a le pouvoir de maitriser la nuit et de plonger ses adversaires dans des ténèbres éternelles.
Je frissonnai.
- Tachons donc d'en faire un allié...
- Oui, si nous le pouvons... Silas, ta véritable épopée est sur le point de commencer. Acceptes-tu ton destin, rempli de joie, mais aussi de terreur ?
- Je l'accepte...
Mon regard devint soudain plus dur et je levai mon épée.
- Allons-y !
Je partis vers le nord, tel que me l'indiquait Greos. Plus nous avancions, plus le sol devenait froid, plus le ciel s'assombrissait.
- Greos ?
- Mmh ?
- Le roi Minuit, est-il si terrible que cela ?
- Je n'en sais trop rien. Je ne l'ai pas rencontré du temps où ma race prospérait. Seules des légendes me sont parvenues.
Un bruit d'étirement coupa notre conversation. 
Je plissai les yeux et remarquai que des ombres se mouvaient dans la nuit. Je ne pris conscience qu'il s'agissait d'archers que lorsque je me retrouvai avec une dizaine d'arcs dont les flèches étaient pointées vers mon visage.
- Ami ou adversaire ?
- Ami, du moins je l'espère...
- Ton nom ?
- Silas Deron.
- Avec qui parlais-tu ?
- Je parlais seul. Ça me détend.
Une silhouette encapuchonnée approcha.
- Bien belle lame. D'où viens-tu étranger ?
D'où venais-je ? Cela faisait longtemps que je n'y avais plis réfléchi...
- Je ne viens de nulle part. Je voyage à travers le pays dans le but de parvenir à la forêt de Selalia.
- Selalia dis-tu ? Es-tu un elfe ?
- Non. Je m'y rends pour une amie.
- Son nom ?
- Laelia.
Le garde réfléchit un instant puis baissa son arc. Les autres l'imitèrent de façon synchrone.
- Suis nous chez le seigneur Minuit. Il décidera de ton sort, Silas Deron.
J'allais donc rencontrer ce fameux roi. Me laisserait-il traverser son territoire ?
J'allais enfin le savoir.

Chapitre 13 : Minuit

Je parcourus une longue distance avec les soldats. Lors de notre progression, le peu de luminosité disparut petit-à-petit.
Nous arrivâmes finalement à un château en marbre noir. Malgré sa couleur, il s'en dégageait une lueur irréelle. Je fus amené dans une grande salle où un trône était posé sur une estrade. Un homme était assis dessus de façon nonchalante. Il contrastait étrangement avec les lieux. Il possédait de longs cheveux blancs, malgré sa jeunesse. Il portait une couronne blanche elle aussi et une longue tunique noire incrustée de diamants.
Les archers s'agenouillèrent devant leur roi.
- Seigneur, nous vous amenons cet étranger. Il se prénomme Silas Deron et dit qu'il souhaite se rendre à la forêt de Selalia.
Le jeune homme se redressa.
- Silas... Tu as l'air d'être un preux combattant et quelqu'un de réfléchi. Je te défie donc en duel.
Il leva la tête et j'aperçus ses yeux, de la couleur du palais, noirs et sombres.
- J'en serais honoré seigneur. 
Mieux valait rester poli.
- Bien. À présent, mes hommes vont te mener à une chambre. J'aimerais que tu sois en forme pour le duel de demain. Il aura lieu à minuit. Tu aurais donc toute la journée pour t'entrainer. Sur ce, bonne nuit, Silas Deron...
Il haussa la voix :
- Cas suivant !
Les gardes m'encadrèrent et me menèrent à travers le château. Ils m'apprirent que le nom de cet endroit était Palais Lumineux. Cela me sembla un peu ironique, mais je me tus.
Tous les couloirs se ressemblaient et j'étais heureux d'avoir les soldats comme guides. J'arrivai enfin à ma chambre. Les guerriers me laissèrent et je pus visiter les lieux. Il s'agissait d'une suite quasi princière. Minuit avait l'air de m'apprécier pour m'offrir une chambre pareille. Les murs étaient noirs (qui l'eut cru) et le lit était grand et confortable. De multiples sofas et autres meubles complétaient la pièce principale. 
- Ne m'aurais tu pas oublié, par le plus grand des hasards ?
Je sursautai. Greos était complètement sorti de mon esprit. Je sortis Kil'lalia de son fourreau.
- Je te conseille de bien te reposer. Essaye de le vaincre demain. Si tu te trouves en difficulté, je tenterai de prendre possession de ton bras. Ensuite, si tu survis, j'essayerai de t'apprendre à combiner magie et combat.
J'hochai la tête tout en fermant mes yeux fatigués. Demain serait une longue journée.
Le lendemain matin, je me réveillai détendu. Mon sommeil avait été lourd et sans rêves. Une nuit parfaite pour moi.
Je regardai par la fenêtre. Comme par magie, les alentours du Palais Lumineux étaient illuminés par le soleil. La transformation par rapport à la veille était frappante.
On frappa à ma porte.
- Entrez.
Une jeune servante poussa la porte.
- Le seigneur Minuit vous fait mander, messire Silas.
Je m'habillai rapidement, puis suivis la jeune femme. Elle me conduisit dans une autre salle que celle où j'avais rencontré le roi. Celle-ci était beaucoup plus petite et il y avait une table rectangulaire sur laquelle trônaient des fruits, du pain et du fromage. Minuit était attablé. Il avait l'air de m'attendre. 
- Prenez place, Silas. 
Il congédia la servante et nous nous retrouvâmes seuls.
- Je vous en prie, servez-vous. Je vais vous expliquer en quoi consistera notre duel.
Ah ! Cela devenait intéressant ! Je pris une copieuse ration car j'étais affamé. Je n'avais rien mangé depuis mon combat contre Grey.
- Je vous écoute, seigneur.
- Bien ! La joute se déroulera en deux manches. La première à un concours d'énigmes. Celui de nous deux qui trouvera le plus de réponses gagnera cette part. Ensuite un jeu de tactique que mes savants ont inventé.
- Pardon ? Nous ne nous battrons pas ?
Minuit éclata de rire. 
- Je ne voudrais sûrement pas blesser un invité. Mais j'en viens désormais à la manche qui nous départagera si nous sommes à égalité. Il s'agira effectivement d'un combat. Etes-vous d'accord avec ces règles ?
- Cela me convient fortement !
- Parfait ! 
Nous discutâmes encore un long moment. Le roi s'avéra être de très bonne compagnie. Il me fit également visiter son château.
- Silas, j'aimerais vous montrer quelque chose. Mes savants ont mis quelque chose au point et j'aimerais vous en faire profiter. 
- C'est un honneur.
Nous entrâmes dans une petite pièce où des hommes s'affairaient autour d'une sorte de baguette.
Le mauvais souvenir de ma défaite face à Grey me revint.
- Ecartez-vous messieurs.
J'observai l'objet de plus près.
- Intrigué ? Il s'agit d'une Baguette de Savoir. Celle-ci contient le plan du palais. J'ai moi-même du m'en servir afin de m'y retrouver dans le labyrinthe que mon père m'a légué. 
Il se tourna vers moi.
- Je vous en fais cadeau. Prenez ces souvenirs.
- Merci beaucoup seigneur mais je doute de pouvoir accepter...
- N'ayez crainte.
Un savant approcha et pointa la baguette vers mes tempes. L'instant d'après, je connaissais le plan du Palais Lumineux en détail. Des cachots aux chambres somptueuses.
- Impressionnant hein ? Maintenant je vous laisse visiter seul. J'ai malheureusement des audiences à faire passer... 
Il s'en alla. Je retournai dans ma suite. J'eus la surprise de voir un dragon vert adulte sommeiller sur le tapis.
- Greos ? Que fais-tu ici ?
- J'avais besoin de m'étirer. Et toi, où étais-tu passé ?
Je lui racontai ma rencontre plus personnelle avec Minuit.
- Un duel d'énigmes ? Je peux t'aider pour cela. Les dragons connaissent un rayon sur ce sujet. Mais ce jeune roi m'a l'air d'être assez insouciant. Un véritable monarque aurait sorti son épée devant son royaume pour prouver qui il était. Et ici il se cache derrière des jeux. C'est plutôt étrange. 
- En effet. Mais raconte-moi tes énigmes. Je dois m'entrainer en vue de ce soir.
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 18:27

Chapitre 14 : Rivalité

Lorsque le soleil commença à décliner, j'arrêtai ma discussion avec Greos et je me préparai. Plus tôt, la même petite servante m'avait amené des vêtements et un peu de nourriture. Après avoir enfilé mes nouveaux habits, je touchai le front du dragon. Il se transforma en émeraude spirituelle et nous pûmes partir. Je connaissais désormais chaque recoin du Palais et je fus rapidement arrivé dans la cour que Minuit avait désigné plus tôt ce matin. Une grande effervescence régnait; des centaines de gens se pressaient afin d'observer les cracheurs de feu et autres troubadours. Un grand silence se fit lorsque les visiteurs remarquèrent mon entrée. Des jeunes femmes me désignèrent en riant. Sans vouloir me vanter, il fallait avouer que j'avais fière allure dans ma tunique brodée, la main sur le pommeau de Kil'lalia. 
- Mesdames et messieurs, voici le seigneur Silas, concurrent à notre roi ! 
Un troubadour approcha tandis que des vivats retentissaient. Il me prit le bras et le leva dans un geste victorieux puis m'emmena sur une estrade. Deux trônes et une table incrustée de pierres précieuses y avaient été déposés. Je fus assis sur le fauteuil blanc. Minuit fit une entrée aussi triomphale que la mienne et fut assis sur le trône noir. On servit alors à manger et à boire. Des oies rôties, des faisans avec leur queue, des porcs mordant dans une pomme rouge, des lièvres en sauce, du vin, de l'eau fraiche et tant d'autres plats que je ne saurais les citer tous. Les victuailles furent retirées afin de laisser place aux desserts. Une fois les gâteaux et fruits avalés, les restes furent emmenés. Un grand bruit retentit, me faisant sursauter. Il s'agissait d'une grosse horloge que je n'avais pas remarquée en arrivant. Onze autres coups sonnèrent, tout aussi graves que le premier.
Le roi se leva.
- Peuple ! Voilà minuit qui sonne ! Place au duel !
Ovation dudit peuple. 
- Je déclare la première manche ouverte ! Érudits, à nous vos énigmes !
Un vieillard s'avança, suivi par une douzaine d'hommes tout aussi vieux.
- Messires, écoutez donc nos paroles ! Cinq énigmes ont été créées pour vous. Videz vos esprits et prêtez oreille attentive.
" Un sorcier est accusé par un roi de sorcellerie. Il est alors condamné à mort.
On lui laisse tout de même une chance de s'en sortir. Le jour du jugement, on lui présentera deux parchemins, l'un le fera exécuter, l'autre fera de lui un homme libre.
La veille de ce fameux jour, une personne vient le voir en prison et lui annonce que les parchemins vont être truqués, et que les deux indiqueront sa condamnation à mort. Il a toute la nuit pour trouver une solution, et empêcher de se faire exécuter.
Cependant, il ne peut pas faire apparaître qu'il y a eu tricherie, sans quoi, il discréditerait le roi, et il serait condamné sur le champ sans lui laisser une autre chance. Comment fera-t-il pour sauver sa vie et l'honneur du roi ?"
Je levai la main directement car Greos me l'avait racontée durant mon entrainement.
- Messire Silas  ?
- Avant que quiconque ait eu le temps de réagir, le sorcier mange un des parchemins. Il déclare alors que celui qu'il choisit est celui qu'il a avalé, de fait que le papier restant est le mauvais. Papier sur lequel il avait été écrit "mort". Il fut donc libéré.
- Excellente réponse !
Vivats du public.
- Seconde question. "Plus on ajoute, plus c'est léger, de quoi s'agit-il ?"
Trop facile...
- Messire Silas à nouveau ?
- Des trous dans une planches. Plus il y a des trous, moins il y a de matière.
- Parfait ! 
Minuit me regardait avec étonnement. Je lui fis un petit sourire, qu'il me rendit.
- Troisième énigme, qui peut être décisive ! 
"Mieux que Dieu,
Pire que le Diable,
Pouvoir des pauvres,
Absent chez les riches,
Mangez-moi, mourez.
Qui suis-je ?"
Je plissai les yeux afin de me concentrer. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien être ?... La solution m'apparut soudain.
- Rien !
Rien n'est meilleur que Dieu, 
Rien n'est pire que le Diable,
Les pauvres n'ont aucun pouvoir,
Les riches ont toujours quelque chose 
Si ont ne mange pas, la mort nous attend.
- Sans faute de messire Silas ! Il remporte donc la première manche !
Des encouragements et des sifflements retentirent. Le peuple m'acclamait, mais il me restait encore une épreuve afin de pouvoir passer mon chemin.
Minuit se leva à nouveau et salua la foule.
- Bien ! Passons donc à la seconde manche !
On apporta une espèce de damier sur lequel était posé des pions  de formes différentes. Noirs pour Minuit, blancs pour moi. Il est inutile que je commente cette partie du duel, car je n'y ai rien compris, malgré les explications. Il y avait des pions, des tours, des cavaliers, des fous, le roi et sa dame. Le but était de prendre le roi adverse. Je ne mis même pas Minuit en difficulté et perdis en une dizaine de tours.
Nous étions donc à égalité. Le roi se leva pour la troisième fois et m'invita à l'imiter.
- Peuple ! Nous sommes donc à égalité. Il y aura donc une manche décisive, un combat !
La foule était en délire, hurlant des encouragements à l'un ou à l'autre. 
- Veuillez nous accorder un instant. Nous devons nous retirer afin de nous apprêter. Chacun de notre côté, nous enfilâmes une armure et l'équipement qui va avec. Quelques instants plus tard, je fus amené dans la cour, totalement transformée. Une piste avait été dégagée. Minuit m'attendait avec une énorme épée en mains. La lame était d'un noir de jais et la garde scintillait grâce aux dizaines de diamants la recouvrant. Les yeux s'écarquillèrent lorsque je reconnus une pierre spirituelle, plus grosse que les autres. 
- Non...
Greos avait réagi à la vue de ce gros diamant.
- Il s'agit de Kriss'Kalos, le "sabre noir". Mais ce n'est pas tout, la pierre que tu peux voir ici est celle de Ragnos, le dragon à l'origine des ténèbres...
- Quoi ? Nous allons donc affronter un autre dragon des origines ? 
- Oui, je le crains. Ne t'inquiète pas, normalement ce ne sera pas un combat à mort... Enfin je l'espère.
J'approchai du terrain.
- Silas ! Nous allons enfin nous affronter !
Minuit leva la tête et je constatai avec effroi qu'une de ses pupilles était devenue entièrement blanche. Sa peau autour de cet œil se noircissait au fur et à mesure que j'avançais. Bientôt, sa peau devint entièrement noire. La foule se tut, horrifiée.
- BATTONS NOUS... 
Même sa voix était devenue rauque et glaciale.
Le combat s'annonçait assez difficile...

Chapitre 15 : Possession et combat

Raffermissant ma prise sur la garde de Kil'lalia, je fis face au seigneur déchainé. Il fit craquer son cou en le tournant de droite à gauche. Puis, sans crier gare, il me fonça dessus en levant sa grosse épée. Il bavait et donnait des coups puissants mais imprécis, faciles à éviter. Jusque là, le duel se passait assez bien. Mais il prit une tournure imprévue lorsque Kriss'Kalos fusionna avec le bras de Minuit. Des écailles noires parcouraient maintenant son corps. Ses muscles s'épaississaient, ses dents devenaient pointues et ses pupilles prirent une apparence reptilienne.
- SALUE RAGNOS, MAITRE DE LA NUIT, PAUVRE MORTEL !
Il me dominait désormais du haut de ses deux mètres et demi. Le sabre noir avait également doublé de longueur. 
"Il est temps que j'intervienne, me semble-t-il..."
La voix de Greos avait résonné dans ma tête, et avant que je comprenne le sens de ses paroles, Kil'lalia avait pris racine dans ma peau. Des écailles vertes me recouvraient et ma vision devint soudain plus claire. Je me sentis également grandir. J'étais même devenu plus grand que Minuit. Je perdis tout contrôle de moi-même et j'assistai à un combat que mon corps vivait, mais que mon esprit contemplait. Nos lames s'entrechoquaient en produisant des étincelles qui jaillissaient dans tous les sens. Au bout d'une dizaine de minutes, j'eus Kil'lalia sur la gorge de mon adversaire et mes forces draconiques m'abandonnèrent brusquement. Minuit redevint également lui-même. Il me regarda avec un sourire amer.
- Tue moi.
- Non.
- Délivre-moi du démon qui m'habite, par pitié.
Je le saisis par le bras et le relevai. Il semblait en état de choc, je pris donc les devants.
- Peuple, rentrez chez vous et oubliez ce duel, votre roi doit de reposer. 
Avançant dans le château, suivi par Minuit, je finis par l'amener dans sa chambre. Il s'allongea sur son lit et s'endormit. Je fis appeler la petite servante qui m'avait apporté mes vêtements et mes repas. 
- Allez chercher des victuailles. Le roi aura faim à son réveil.
J'eus raison, car, dès qu'il fut éveillé après quelques longues heures de sommeil, Minuit engloutit le petit panier rempli de pain et de fromage.
- Silas... Je devrais t'expliquer mon enfance... Tu comprendrais beaucoup mieux l'histoire de ce royaume.. Je te demanderai de ne pas m'interrompre, de juste écouter et essayer de comprendre.
Je hochai la tête en signe d'approbation.
- Fais également venir ton dragon.
Greos sortit de lui-même de sa pierre. Il salua le jeune roi d'un petit grognement.
- Parfait. Sachez que très peu de gens sont au courant de ce récit et que cela doit rester secret.
- D'accord, vous pouvez y aller, nous sommes toute ouïe.
"Je suis né à minuit, ce qui explique mon nom, dans ce royaume. Mon père n'avait jamais souhaité ma naissance. Tout ce qui l'intéressait, c'était le pouvoir, la richesse et la violence. Il adorait faire la guerre, tuant sans pitié ses adversaires. Sa fortune était tellement grande qu'il fit construire ce château, qu'il nomma de façon ironique "Palais Lumineux". Bref, mon père ne m'aimait pas beaucoup. Ma mère, une ancienne fille de joie qu'il avait épousée lors d'une beuverie, m'éleva donc toute seule. Elle mourut lorsque j'eus sept ans, l'âge où un prince choisit son élément pour son futur royaume. Lors de son enterrement, mon père, saoul, me battit avec énormément de violence, me disant que si je ne voulais pas choisir la voie des ténèbres, comme lui, il me tuerait. Comme j'étais un enfant fort influençable, je me tournai vers le socle des ténèbres lors de la cérémonie du Grand Choix.
Ma vie passa doucement, au rythme des guerres incessante de mon père. Un jour, il rapporta un sabre comme butin. Il s'agissait de Kriss'Kalos. Par un rituel immonde, il invoqua Ragnos, dragon ténébreux. Ce dernier prit place sous forme de pierre sur Kriss'Kalos. Cette invocation lui prit une énorme part d'énergie. Il fut donc mourant après une douzaine de jours. J'étais à son chevet, malgré sa violence et sa méchanceté. Voici ses dernières paroles :
- Ta vie sera la mieeeeennnnneeeeeee.........
Son hurlement se changea progressivement en un souffle glacial. Je vis un vortex sortir de sa bouche, il rentra dans la mienne sans que je puisse rien faire. Voilà..."
Il me saisit le bras droit.
- Silas, mon père est en moi... Il me possède... Tue-moi, tu tueras ainsi l'esprit pervers et retors de mon père.
Greos prit alors la parole. 
- Il y a un autre moyen. Silas, nous allons faire un exorcisme !
Je déglutis. Plus facile à dire qu'à faire...

Chapitre 16 : Fantôme royal

Sur les conseils de Greos, j'allai chercher du romarin, de l'eau,  de la craie et Minuit dégaina Kriss'Kalos. 
- Parfait ! Silas, prends la craie et trace ce symbole au sol.
Nous nous trouvions dans une petite salle recommandée par Minuit où nous serions au calme, tel que l'opération le demandait. 
Je me saisis du petit bâton blanc et recopiai par terre le parchemin que Greos me montrait. Le dessin représentait deux cercles opposés, reliés par une longue ligne discontinue qui zigzaguait. Un des cercles contenait une spirale en son centre.
Le dragon me demanda de crayonner un troisième cercle plus éloigné. Celui-ci avait une espèce de bouclier devant lui.
Deux bol furent déposés de part et d'autre de cette protection, l'un empli d'eau, l'autre contenant quelques branches de romarin. 
- Minuit ! Dépose Kriss'Kalos dans un des pentacles et tiens toi debout dans celui qui lui fait face. Silas, suis-moi dans le cercle près des bols. Moi, je vais prendre une forme plus appropriée...
Il ferma les yeux et une immense lumière jaillit. L'instant d'après, un homme d'un certain âge ouvrait ses paupières, laissant apparaitre des pupilles fendues, d'une couleur verdâtre.
Nous prîmes place dans le pentacle.
- Voici ce qui va se passer. Je vais prononcer une formule qui fera sortir de ton corps toute trace de ton père. Kriss'Kalos sera le réceptacle. Si tout se passe bien, ton sabre disparaitra et reviendra à tes pieds. L'âme de feu ton père ne pourra entrer dans le pentacle qui te protégera. Il reviendra dans le vortex et disparaitra dans les tréfonds de ce monde. Êtes-vous prêts ?
Je hochai la tête, imité par le jeune roi.
- Commençons...
Le dragon incanta d'une voix égale et posée. Minuit respirait de plus en plus vite jusqu'à haleter, puis suffoquer. De sa bouche sortit alors un filet de fumée noir et nauséabond. L'odeur me prit directement à la gorge et ce fut avec un air dégouté que je vis la fumée prendre une forme de plus en plus distincte. Celle d'un homme de haute stature, à la peau entièrement noire et aux pupilles d'un blanc malsain. Il me sourit avec un air affamé.
- Tiens, tiens, ne serait-ce donc pas notre ami Silas ? Le demi-elfe... Le fils du feu. Le fils du grand roi Selenios et de sa défunte femme Stella...
Sa voix sifflante me transperça les tympans. Comment connaissait-il mes parents ?
Greos se tourna vers moi.
- Tu...?
Mais il retourna bien vite à sa tâche et continua de psalmodier des mots magiques. Toutes ces paroles semblaient réduire la consistance de l'ancien roi.
- Et ici, qu'avons nous ? Un dragon ? Et pas n'importe lequel ! Greos ! 
Il ricana. Il essayait sûrement de faire perdre sa contenance au dragon, mais celui-ci continuait de parler dans le vide. Le son de sa voix augmenta brusquement et il finit son palabre sur un crachement guttural. 
Le fantôme cessa de parler et se dissolut. Il voleta sous forme de poussière vers le gros sabre noir. Ce dernier brilla au contact du monarque, puis se volatilisa pour reparaitre aux côtés de Minuit qui s'était évanoui entretemps. La poussière resta dans le cercle où Kriss'Kalos reposait quelques instants plus tôt et l'ancien roi se reforma.
- Quoi ?! Vous osez enfermer Nocturne, roi du royaume éternel de la Solire ? Mon fils n'est qu'un bon à rien, un faux roi ! C'est grâce à ma possession si des rumeurs courent sur lui et s'il est craint ! 
Nocturne hurla qu'on lui rende sa liberté. Il grogna et frappa dans ses mains. Des serpents noirs rampèrent jusqu'à notre pentacle, mais furent détruits par notre bouclier.
- J'avais prévu cela...
Greos se saisit des deux bols à ses pieds et les lança sur le fantôme. Il hurla, sa peau semblait bruler aux endroits où le romarin et l'eau l'avaient touché. Une tornade s'éleva et l'engloutit petit à petit. La puanteur de la pièce s'évanouit au même rythme que son propriétaire.
Minuit émergea. Il cligna des yeux plusieurs fois.
- Je.. je suis seul dans mon corps... C'est la première fois que je me sens aussi bien...
Un éclair lumineux jaillit et un dragon noir apparut dans la pièce. Greos reprit sa forme initiale. Il approcha de Ragnos.
- Heureux de te voir mon vieil ami.
- Merci de m'avoir délivré de ce calvaire, Greos.
Je me rendis près de Minuit. Il avait l'air heureux, plein de vie. Il contemplait son corps avec étonnement, comme s'il ne lui appartenait pas.
- Silas... 
Il pris le bras que je lui tendais et se releva.
- Je peux désormais être le roi que j'aurais dû être depuis longtemps.
Les deux dragons nous contemplaient avec un petit sourire. 
Ragnos s'inclina alors devant Minuit. 
- Je serai désormais ton fidèle serviteur, roi de Solire.
Nos dragons respectifs reprirent forme spirituelle et nous nous rendîmes à la salle du trône. 
Le roi devait parler à son peuple.

Chapitre 17 : Rejet

Minuit se mît au balcon afin de saluer son royaume. 
- Peuple de Solire ! 
A partir de maintenant, les règles de ce pays vont changer ! Il va quitter les ténèbres et se rallier à la cause de l'élément du feu ! Des légats seront envoyés à la capitale afin d'en informer l'Empereur. Je convoque une cérémonie du Renouveau !
Les gens, enfants, adultes, vieillards, tous saluèrent à grands cris le décret du roi. 
- Que l'on organise un banquet, le plus grand et le plus beau qui ait jamais été organisé ! 
Nouvelles ovations. Nous nous retirâmes du balcon. Minuit me lança alors un regard interrogateur.
- Silas. Malgré ma torpeur, lors de mon exorcisme, j'ai cru comprendre que tu étais un...prince ?
Je soupirai. 
- Plus maintenant. Je pense que c'est à mon tour de te narrer mon histoire. Celle d'un rejeté, d'un assassin mais c'est tout de même la mienne.
"Mon histoire commence un jour sombre, il y a maintenant vingt-sept ans. Dans le royaume de Dreonas. Le pays aurait dû être en liesse car le fils du roi est né. Mais la reine se porte mal, très mal. Même après avoir accouché dudit prince, elle reste essoufflée, les yeux exorbités. Le médecin royal se tourne vers la jeune femme enceinte.
- Dame Stella, votre enfant n'est pas seul, il a un jumeau.
La reine ne peut même plus s'exprimer. Son second travail commence. Plusieurs heures de souffrance commencèrent alors. Au bout de ce chemin de douleur, les deux bébés reposent dans les bras de leur mère. Le roi entra dans la pièce, empli de stress. Son fils est-il en bonne santé ? Lorsqu'il aperçoit les deux enfants, il stoppe net. Deux bébés. Un seul roi. L'issue de cette histoire est inévitable. L'un des deux doit disparaitre. Les deux bébés sont nommés Silas, de toute façon, le plus jeune ne restera pas ici longtemps. Il est abandonné dans une famille de paysans soudoyés afin qu'ils gardent le secret. Des années passèrent. Le prince eut sept ans et choisit le feu comme élément. Le petit Silas apprend à travailler aux champs. Il se lie facilement d'amitié avec les animaux et devient un amoureux de la nature. Mais un bruit court dans son petit village. Malgré les efforts de ses parents adoptifs, il apprend la terrible vérité. Horrifié, il fuit. Il passe sa vie sur les routes. Afin de survivre, il vend des fausses cornes de dragon. Se fait attraper. Finit gladiateur. Par une étrange destinée, il se retrouve face à son père, Selenios, amaigri et dépouillé de ses vêtements royaux. Silas remporte le duel et tue son père sur ordre du commanditaire du combat. Les riches le laissent tranquille, voyant qu'il n'est pas en état de se battre. Une femme étrange vient le faire délivrer et le fait passer militaire dans la prestigieuse division des Ailes de Serpent. Il devient capitaine suite à l'assassinat de son commandant. Tous ses compagnons furent tués par des monstres, y compris la mystérieuse femme, qui lui laisse un mot lui demandant de se rendre à la forêt de Selalia. Sur son chemin, passe sur les terres de Minuit, un roi ayant une assez mauvaise réputation. Tu connais la suite..."
Le monarque de Solire n'osait plus croiser mon regard.
- Tu es donc un prince déchu... 
Il eut l'air de réfléchir.
- J'ai un idée. Le royaume de Solire est bien trop grand pour moi. Partageons les terres. Deviens roi à mes côtés et oublie ton passé. 
- Non. Je dois me rendre à Selalia. Si je survis à ma destinée, je reviendrai sûrement dans ce royaume. Le seul où j'aie jamais été bien accueilli. Merci Minuit, mais je vais continuer ma route. 
Notre discussion s'acheva sur ma décision. 
Je devais repartir. Selalia m'attendait.
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 18:27

Chapitre 18 : Départ précipité 

Une fois mon secret révélé, nous prîmes la direction de la salle du Grand Choix de Solire. N'en ayant jamais vu qu'en rêve, je ne pouvais que m'émerveiller devant tant de perfection. Quatre socles (rouge, bleu, vert et noir) ornaient la pièce de leur présence reluisante. Un érudit attendait devant les piédestaux. 
- Veuillez m'excuser seigneur, seul vous pouvez être présent lors de cette cérémonie. Je me vois dans l'obligation de demander à messire Silas de bien vouloir me suivre afin que nous laissions notre roi seul.
Je montrai mon approbations d'un hochement de tête et quittai la salle en compagnie du vieillard.
Nous nous retirâmes dans un des nombreux boudoirs du palais et je fis alors un bilan de ces derniers jours. J'avais affronté mon commandant et je l'avais tué, prenant sa place. Ma division avait été transformée en zombies. J'avais hérité d'une épée d'une valeur inestimable, croisé ma route avec un dragon des origines, tué une Dévoreuse de Rêves. De la magie coulait dans mes veines et j'avais pratiqué l'exorcisme d'un souverain. Tout cela me semblait si irréel... Qui étais-je réellement ? Une marionnette vivante ? 
Un long hurlement me tira de mes rêveries. Sans plus attendre, je courus dans la salle du Grand Choix. 
Minuit était étendu sur le sol, brulé. Des flammèches noires parcouraient son corps. Je commençai à tapoter rapidement le feu et finis par l'éteindre. 
- Le...feu...
Minuit s'évanouit brutalement. Tournant la tête vers les socles, je vis avec effroi qu'il n'y en avait désormais plus que trois. Celui des ténèbres avait grossi et englobé le feu. Les mêmes langues de feu noir tournoyaient de façon inquiétante. Faisant appeler du secours, je transportai le roi dans une infirmerie. Le docteur rassura la foule qui s'attroupait devant le petit dispensaire.
- Notre roi s'en sortira sans aucun doute. Il ne va pas tarder à se réveiller et pourra bientôt poser un acte sur sa cérémonie du Renou.....
Il fut coupé par un appel perçant.
- Venez voir !
Je me précipitai en direction de la voix, suivi par un troupeau de curieux. Il s'agissait d'un groupe de personnes sur une colline. On pouvait apercevoir la capitale au loin. La ville normalement étincelante de lumière n'était plus qu'une ombre au milieu de l'épaisse fumée qui l'entourait. Ces volutes semblaient vivante, comme si elle voulaient nous rejoindre. De ce maelström apparurent de petites formes carrées. Je compris alors ce qu'il se passait. La guerre. Ces formes n'étaient autre que des dizaines de bataillons d'hommes armés, prêts à tout pour agrandir leur territoire.
Autour de moi, les gens regardaient avec un air curieux. Ils ne savaient pas ce qui les attendait. Mais je me tus. Je me tus alors que ces bataillons allaient peut-être venir égorger leurs enfants, violer leurs femmes et bruler leurs maisons. Je me tus et me détournai de ce spectacle. Je me tus et partis sans me faire remarquer, Kil'lalia pendant à mon côté. Je partis et laissai ces pauvres gens à leur sort. Greos ne disait pas un mot. Il avait sûrement compris la situation avant moi. 
Selalia était au nord. À l'opposé de la capitale. 

Chapitre 19 : Nouvelle rencontre

J'avançais sur le petit chemin de terre, mes pieds raclant ne sol.
Qu'avais-je fait ? J'avais abandonné tous ces pauvres gens à leur sort...
Comment avais-je pu faire cela ?
Les larmes me montèrent aux yeux. 
- Silas...
Un éclair jaillit et un dragon se tint à mes côtés. 
- Ne culpabilise pas. Il est trop tard pour reculer. La guerre les aurait rattrapés de toute façon. Minuit est sage et réfléchi. Il saura protéger son peuple.
Ses paroles atteignirent mon corps, mais pas mon cœur. Devant mon mutisme, Greos reprit sa forme de pierre.
Les prairies verdirent de plus en plus et le soleil me redonnait malgré moi le sourire. J'arrivai finalement dans une forêt. Les feuillages des arbres créaient une ombre qui protégeait agréablement de la chaleur qui régnait. Des petits cris d'oiseaux résonnant de temps à autre et le craquement des brindilles sous mes pas étaient les seuls bruits qui parvenaient à mes oreilles. Tous mes sens étaient en éveil, je me sentais bien. Des rais de soleil filtraient à travers le plafonds feuillu au dessus de ma tête. Je flânais à travers les troncs, suivant un petit sentier. Je parvenais presque à oublier mes soucis. 
- Greos ? Où sommes-nous ?
- Dans le bois de Fraelis. La légende raconte qu'une fée vivrait en ces lieux, rendant l'atmosphère agréable et relaxante. 
Nous mîmes fin à cette conversation lorsqu'un bruit retentit. Un loup se tenait devant moi, la tête penchée comme s'il réfléchissait. Il approcha en reniflant avec curiosité. Je ne faisais pas un geste, réaction appropriée face à un animal sauvage. La bête parvint à mes bottes. Elle s'assit et plongea ses yeux dans les miens. Le loup avait des pupilles d'un bleu intense, comme du saphir. Dans ces yeux, je voyais une intelligence inhabituelle chez un animal. Il s'éloigna, puis de retourna et fit un mouvement du museau colle s'il souhaitait m'inviter à le suivre. Ce que je fis. Tous les dix mètres. Il regardait en arrière pour vérifier que je le suivais. Toutes les clairières se ressemblaient. Heureusement que mon nouvel ami poilu me servait de guide, je me serais perdu en un instant si j'avais été seul. 
Le loup me conduisit finalement devant un petit lac baigné par la lumière du soleil. Une jeune femme nue était assise sur un rocher au centre de l'eau. Elle avait de longs cheveux bruns qui lui tombaient jusqu'au creux des reins et des grands yeux bleus saphir. Par pudeur, je détournai les yeux, mais la femme fit un mouvement du doigt et je fus attiré dans l'eau. Elle sourit et me lança un regard attendri.
- Bonjour, Héros...
- Moi ? Je ne suis pas un héros. Vous ne connaissez pas mes actes.
- Si... Je te connais plus que ce que tu ne le crois... Je suis Fraelia, nymphe du bois de Fraelis... Tu as l'air courageux, en dépit des dures épreuves que la vie t'a imposée... Prends ceci... En souvenir de moi...
Elle s'effaça progressivement et je ne vis bientôt plus qu'un mince filet de fumée dorée. 
Je n'avais pas eu le temps de réagir. Je retournai donc sur le rivage. Sur mon chemin, je butai sur quelque chose au fond de l'eau. M'en saisissant, je pris conscience qu'il s'agissait d'un bouclier en métal très résistant, orné d'un dessin en forme de loup dont les yeux bleus me fixaient intensément. Je me rendis alors compte que l'animal qui m'avait conduit jusqu'ici avait disparu. Je pris le bouclier et accrochai les lanières de cuir à mon bras gauche. Il me convenait parfaitement et était très léger malgré sa résistance. Je sortis de l'eau et constatai avec étonnement que j'étais sec. Mes pas me menèrent sans que je m'en rende compte à la sortie du bois, encore abasourdi par ma rencontre avec Fraelia.

Chapitre 20 : Obstacle et compagnon 

C'est l'esprit encore embrumé que je continuai ma route. Je marchais d'un bon pas dans l'herbe verte et tendre. Un petit lac glougloutait tranquillement à ma droite. Je remarquai une sympathique petite auberge près des eaux. Petit à petit, le paysage devint plus montagneux, des parois rocheuses m'entouraient des deux côtés. Je me retrouvai finalement face à un gigantesque ravin, tranchant le paysage en deux morceaux. Un pont se balançait dangereusement au-dessus du vide. Malgré mon inquiétude, je posai un pied sur la première plaque de bois. Un craquement retentit et le frêle pont se détacha et alla cogner contre la paroi opposée, avant de tomber dans le vide.
Greos sortit. 
- Epineux problème...
- Porte-moi sur ton dos. Nous pourrons traverser en volant.
Il me jeta un regard, puis déploya ses grandes ailes.
La peau parcheminée était déchirée de part en part, laissant d'énormes balafres dans le cuir
- Je suis vieux. Ces appendices ne me servent désormais plus à rien.
- Je comprends. Bon, faisons demi-tour. C'est le seul moyen et la nuit commence à tomber. J'ai repéré une petite auberge, profitons-en.
Il acquiesça et reprit forme spirituelle.
Revenant sur mes pas, je revins devant l'auberge. Le ciel n'était désormais plus éclairé que par la lune et les quelques étoiles qui brillaient.
J'entrai car le temps se rafraichissait rapidement.
L'ambiance qui régnait respirait le calme. Un petit feu réchauffait la pièce, la salle était vide, mais le patron corpulent derrière le bar essuyait tout de même calmement une chope. J'avançai jusque lui. 
- Bonsoir. Je souhaiterais dormir et manger ici, si c'est possible.
L'homme posa son ouvrage puis me serra la main.
- Bien sûr, cher ami. Je dois avouer que je suis heureux de voir quelqu'un dans cette auberge. Le commerce va mal depuis que ce foutu pont ne tient plus.
Je rougis en pensant que je l'avais complètement achevé.
- Combien vous dois-je ?
- Six pièces d'or par nuit. Les repas, trois par journées, sont compris.
Je lui tendis une poignée de piécettes. 
- Je vous en prie, asseyez-vous, ma fille va vous apporter le repas.
Prenant place à une table, je soulageai enfin mes pieds fatigués. Une jeune femme aux cheveux blonds vint rapidement m'apporter une assiette de ragout fumant. Son père se retira dans ses quartiers afin de dormir, non sans m'avoir donné la clé de ma chambre. La jeune femme s'assit en face de moi et me servit un verre de vin.
- Vous venez de loin ?
J'avalai ma bouchée avant de répondre.
- Je suis né dans un petit royaume, mais j'ai grandi dans la capitale. 
- Et vous faites quoi comme métier ? Je ne veux pas vous ennuyer, c'est juste que je n'ai jamais quitté cet endroit.
- J'ai été gladiateur, soldat et maintenant je voyage.
Ses grands yeux bruns brillèrent. Voyant qu'elle était intéressée, je lui narrai mon trajet de l'arène jusqu'ici.
Son beau visage s'éclaira d'un sourire. 
- Franchement, j'aimerais avoir une vie comme la vôtre. 
Je lui rendis son sourire.
- Parfois je préfèrerais vivre tranquillement, avec un petit emploi, une épouse et un chat ! 
Elle éclata de rire. 
Elle me raconta comment son père, ancien soldat, avait hérité de l'auberge. J'appris également qu'elle s'appelait Maya. Comme je l'invitais à boire un verre avec moi, elle se servit également du vin. Nous trinquâmes et bûmes notre boisson. Les petits verres s'enchaînèrent et nous fûmes rapidement saouls. Je ne me souvins que de mon arrivée dans ma chambre en compagnie de Maya.
A mon réveil, je me sentais un peu comateux. La fille du patron avait encore ses bras enroulés autour de mon corps. Je m'arrachai délicatement à sa douce étreinte. Je mis rapidement ma tunique et saisis mon épée. Le tintement de la lame contre le fourreau réveilla Maya. Ses yeux s'écarquillèrent. 
- Que..?
Puis elle se souvint de la veille et se calma. Je revins près d'elle .
- Il faut que je m'en aille.
Elle m'embrassa. 
- Emmène-moi...
Le souvenir douloureux de Calysta me revint en tête.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Mon voyage est dangereux et je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit.
Elle me regarda et je vis dans ses beaux yeux qu'elle me comprenait. Sans une parole, nous nous rhabillâmes. Elle repartit dans les cuisines et moi je m'en allai saluer son père. 
- Merci pour votre accueil. Je dois m'en aller mais je vous assure que je vais recommander votre établis...
La porte claqua et un homme habillé comme un guerrier entra.
- Qu'est devenu le pont ? Il est détruit !
Il avait l'air énervé et piaffait d'impatience. Je lui expliquai que j'avais malencontreusement fait tomber le pont. Il s'assit sur une chaise.
- Et comment je fais, moi, pour aller à Selalia ?!
- Euh, je m'y rends moi-même, nous pourrions faire le détour à deux.
Il soupira. 
- Il le faudra bien, imbécile ! Je suis Amos, l'ambassadeur de l'empereur. Il faut que je rallie les elfes à la guerre.
La discussion se termina sur sa décision. L'aubergiste nous fit profiter d'un de ses plats pour la route. J'offris le repas à Amos comme dédommagement. Puis nous sortîmes et commençâmes à contourner le lac. Des bruits de course me firent me retourner. Un éclair blond me sauta dans les bras. C'était Maya. 
- Mon père m'autorise à venir avec toi, me souffla-t-elle.
Amos grogna. 
- Une donzelle maintenant...
Quant à moi, je ne me plaignais pas. Je me sentais même plus qu'heureux. Ce qui était normal, non ?

Chapitre 21 : Orage

Notre groupe avait donc atteint le nombre de trois membres. Le début du trajet fut calme, Amos marchant devant, en marmonnant des insultes à chaque buisson qu'il apercevait. Maya et moi marchions plus tranquillement et discutions de la suite du voyage. 
- Et pourquoi dois-tu te rendre à Selalia ?
- Je ne le sais même pas moi-même. Une amie, aujourd'hui morte, m'a laissé un message qui me sommait d'y aller. Mais parle-moi plutôt de toi. 
- Hé bien, à part ma vingtaine d'année dans cette auberge, je n'ai pas vu grand chose. Tu es la première personne réellement intéressante que je rencontre. 
Son visage s'assombrit.
- La seule chose qui m'a marquée fut la mort de ma sœur. Elle était âgée de dix ans de plus que moi. J'avais plus ou moins sept ans. Un homme est venu à la maison. Il était habillé comme un soldat. Ses petits yeux gris me glacèrent dès l'instant où nos regards se croisèrent. Il réserva une chambre pour la nuit. Puis il sortit et demanda à ma sœur de le suivre. Elle revint en sa compagnie, le regard défait, sa robe déchirée. Il alla dormir. Le lendemain, il s'en alla, un sourire cruel s'affichant sur son visage. Ma sœur mourut d'étouffement. Un serpent noir était lové dans sa gorge.
Elle soupira tristement.
- Maya, comment s'appelait cet homme ?
- Mmh, Dley ? Gley ? Ah oui ! Grey !
- Tu en es sûre ?
- Certaine.
- Il est mort. Enfin je ne sais pas ce que je dois en penser. Je l'ai tué, mais je l'ai revu, il portait un masque. Son cadavre, si je puis l'appeler ainsi, parcourt encore ce monde.
Un juron au loin nous fit presser le pas. Amos avait le pied pris dans des ronces.
- Saloperie de plantes ! Je n'ai jamais aimé ces choses vertes et urticantes !
Je soufflai avec énervement. Saisissant Kil'lalia, je tranchai les liens qui le retenaient.
Il grogna un remerciement, puis continua d'avancer. 
Le ciel, jusque là bleu, se couvrit de nuages menaçants. La pluie nôs rattrapa bien rapidement, et la plaine se retrouva détrempée. Je tendis mon bras gauche au-dessus des la tête de Maya et de la mienne afin de nous protéger avec mon bouclier. Amos se débrouillait avec ses mains plaquées sur son crâne chauve. Il faisait froid et même mes os gelaient. Maya claquait des dents et se blottissait contre moi. Heureusement, nous atteignîmes une petite ferme. Nous nous empressâmes de rallier la porte afin d'y frapper. En attendant, j'observai la bâtisse. Elle avait probablement été construite des mains du fermier. Fermier qui vint d'ailleurs rapidement nous ouvrir. Il était de taille moyenne et une grosse moustache garnissait son visage.
- Entrez, vite. 
Nous ne nous fîmes pas prier et nous secouâmes rapidement. 
- V'nez vous d'vez vous réchauffer.
Il nous invita à nous suivre, nous emmenant dans une petite cuisine où brulait un feu. Une femme, probablement la fermière, mangeait une assiette de légumes.
- Georges, c'est qui ?
- T'a pas à le savoir !
Il s'assit en face d'elle et attaqua son assiette. Mal à l'aise, je m'approchai du feu car j'étais glacé. Maya me suivit et se colla à moi.
- Pff, des jeunes qui pensent connaitre l'amour...
Le fermier grogna de façon ironique.
- R'gardez la grosse vache qui m'sert de femme...
- Eh ! L'gros porc ! Apprends à bouffer, tu r'parleras après.
L'homme se leva, repoussa son assiette et partit.
Amos regardait la scène avec froideur.
- T'as un problème, l'bourgeois ?
La grosse femme s'était également levée et fusillait mon compagnon du regard. Elle saisit un balai et lui balança à la figure. L'objet vint frapper Amos au niveau de la tempe. Il ne réagit même pas, continuant de la fixer avec mépris.
La fermière s'en approcha et lui cracha au visage. Et là, c'en fut trop. Amos s'essuya calmement la figure. Il respira un grand coup. Ferma son poing. Et frappa. La femme fut expulsée contre le mur, entrainant avec elle la table et les assiettes qui la garnissaient. Elle avait les yeux fermés et un filet de sang coulait de son cuir chevelu.
- Vieille imbécile.
Sans un regard, Amos sortit de la pièce. Je pris Maya par le bras et l'emmenai avec moi, la détournant de ce spectacle. Nous courûmes après notre compagnon, qui était déjà sorti, brisant une fenêtre en morceau. Il s'éloignait dans la pluie torrentielle, vers la forêt que nous devions traverser pour atteindre Selalia. Derrière moi, j'entendis "Georges" se précipiter près de sa femme. Ses pleurs résonnaient à mes oreilles, me déchirant le cœur. Maya aussi avait des larmes qui coulaient sur ses joues, mêlées au gouttes tombées du ciel.
Sans un mot je la pris dans mes bras et nous suivîmes Amos, effrayés par sa réaction bestiale. 

Chapitre 22 : Amos, ou l'amour perdu

Il pleuvait toujours des cordes. Maya ne pleurait plus mais semblait choquée. Quant à moi, je me demandais comment Amos avait pu frapper la fermière avec cette force herculéenne. Il marchait devant, sans un mot. Nous atteignîmes un sous-bois où nous nous abritâmes. Ce fut alors que je vis qu'Amos pleurait à chaudes larmes. Je me tus et commençai à préparer un petit abri. Je tentai également d'allumer un feu, mais le bois mouillé ne voulait pas prendre. Maya ramassait des brindilles. Amos était assis par terre, le regard dans le vide, ses yeux rougis par les larmes qui avaient coulé sur son visage fatigué. De rage, je jetai les deux morceaux de bois que je frottais l'un contre l'autre depuis une demi-heure. Mais mon corps réagit autrement. Ma main droite s'illumina d'un halo vert et une petite flammèche embrasa le tas de branches. Maya écarquilla les yeux et Amos sortit de sa torpeur. Ils me contemplaient bouche-bée tandis que je tournais la main dans tous les sens pour l'observer. Et comme si ce n'était pas suffisant, Greos se montra, faisant se décrocher la mâchoire de mes compagnons. 
- Voilà ! Ta magie est prête !
Ce furent les derniers mots que j'entendis ce jour-là.
"Il tombai au sol, les yeux mis clos, les membres engourdis et le corps ouvert de part en part par des plaies béantes qui laissaient se répandre son sang écarlate sur le sable de la plage autrefois paradisiaque. "
Je me réveillai brusquement. J'étais entouré par Greos, Amos et Maya. Ils me regardaient bizarrement. La jeune femme me prit dans ses bras lorsqu'elle vit que j'étais de retour parmi eux. 
- Tu t'es évanoui après avoir allumé le feu. Le dragon nous a tout expliqué. 
Je me redressai et constatai que la pluie s'était arrêtée. 
Pour la première fois depuis le début de notre périple, Amos me parla en face :
- Heureux de te revoir, le nain. Visiblement, tu en as plus dans le ventre que ce que je pensais. Tu as affronté des épreuves terribles. 
Je le fixai.
- Je pense que tu n'as pas à te plaindre en matière d'épreuves de la vie. Tu as un lourd passé.
- Tu es moins bête que tu en as l'air. Effectivement, j'ai un sacré bout de chemin derrière moi. Je suis né dans la capitale. Ma mère avait toujours souhaité avoir une fille, elle m'abandonna donc dans la rue. Je grandis avec d'autres gosses voleurs, reniés de la société. Devenu adolescents, nous nous regroupâmes en petites bandes. Tous les mois, nous organisions une razzia sur les commerçants de la ville. Je suis tombé amoureux d'une jeune fille. Elle m'épousa lorsque nous fûmes devenu adultes. Mais nous étions restés dans le cycle du vol et un funeste jour, ma femme se fit tuer, écrasée par des chevaux. Les autorités nous avaient rattrapés. Devant ma force, ils m'engagèrent comme soldat. Je montai rapidement dans les hautes dignités et je devins ambassadeur de l'Empereur. Mais le souvenir de mon épouse me hante toujours.  Et lorsque j'ai vu ces gens gâcher leur amour, ma rage remonta, déchainant ma colère. Enfin... Mange un peu, j'ai été chasser. Et sache que ton amie est très douée au tir à l'arc.
- Elle a un arc ? 
Il haussa les épaules.
- Je ne sais pas, elle l'avait, c'est tout.
Fronçant les sourcils, je mangeai la cuisse de lapin qu'il me tendait. Maya discutait avec Greos un peu plus loin. D'où venait cette arme ? Mes questions me quittèrent lorsque je mordis dans le lapin parfaitement cuit. Je mourais de faim.

Chapitre 23 : Diana

Maya revint de sa conversation avec Greos. Elle semblait préoccupée.
- Tu vas mieux ?
- Oui, oui, je pense que j'ai récupéré. Je ne m'imaginais pas que la maitrise de la magie s'accompagnait d'évanouissements.
Greos intervint.
- C'est la première fois la plus dure. Ton organisme a subi le contrecoup du dégagement d'énergie. Quant à moi, je pense que je vais retourner dans Kil'lalia.
Il disparut.
Je n'évoquai pas l'arc. Je devais d'abord voir la situation de mes propres yeux.
Nous éteignîmes le feu qui se mourait déjà et levâmes le camp.
Il fallait traverser le sous-bois et nous pourrions enfin atteindre Selalia. Les petits bois craquaient sous nos pas et des gouttes de rosée perlaient aux trèfles à nos pieds. L'air sentait l'humidité et la sève. Les seuls bruits à nos oreilles étaient le claquement de mon épée contre ma jambe. Ce doux silence fut vite rompu par un cri horrible, semblable au crissement d'un couteau contre du métal. Et là, ce fut le chaos. Une dizaines d'êtres étranges armés de haches firent irruption, nous encerclant. 
- Gamin, avec moi ! Gueula Amos. 
Le soldat serra les poings et commença à marteler le crâne d'un des assaillants. Je le couvrais en menaçant un autre de la pointe de mon épée. Puis, sans crier gare, je me fendis, perçant l'abdomen d'une créature et tranchai la tête couverte de plume d'un autre, tandis que mon compagnon étranglait son adversaire. Ce ne fut qu'à cet instant que je me rendis compte que Maya était armée d'un long arc et qu'elle tirait des flèches dorées sur un des monstres. Sa chevelure était devenue brune et son regard naïf avait laissé place à une détermination sans pareil. Mais nous n'en avions pas fini avec les ennemis. Une nouvelle horde surgit, beaucoup plus nombreuse. L'espace d'un instant, je perdis confiance. Comment vaincre une cinquantaine de monstres lorsque l'on est que trois ?
Mais un événement inattendu se produisit. Mon bouclier rougeoya brusquement et un loup en sortit dans un rugissement. Il me lança un regard avant de se jeter à la gorge du monstre qui me faisait face. Ma rage de vaincre me revint bien rapidement et, décrivant de larges mouvements mortels, je répandis la terreur parmi les opposants. Apres de longues minutes de combat, nous achevâmes nos adversaires. Amos était couvert d'égratignures, résultats du contact avec les adversaires. Maya tenait toujours son arc. Elle se retourna et me fixa avec froideur. Le loup avait disparu. 
- Maya, tu...
- Je ne suis pas Maya.
Et elle s'enfuit à travers les arbres. D'un commun accord avec Amos, nous la suivîmes. Elle était assise sur un arbre déraciné et parlait toute seul.
- Tu ne peux plus revenir !
Son visage désespéré changea d'expression et je vis avec stupéfaction que ses yeux passèrent du marron au bleu azur.
- Pour qui tu prends-tu ? Tu n'as rien à dire !
- Tais-toi !
- Avoue, tu as peur. Tu as peur de ta propre soeur, ta confidente... C'est dommage...
- Arrête !
Elle se tut brusquement, comme si un poids l'avait quitté. L'arc à ses côtés disparut et ses cheveux redevinrent blonds. Dorés, tout comme les flèches qu'elle avait décochées entre les yeux de nos adversaires. Puis elle commença à pleurer doucement. Je m'approchai d'elle et m'assis près d'elle. Elle me lança un regard larmoyant.
- C'était ma sœur... Diana...
- Celle que Grey a assassiné ?
- Oui... Je ne sais comment, elle est entrée dans ceci.
Elle sortit un pendentif en forme de cœur.
- Depuis, lorsque je suis en danger, elle prend possession de moi et m'utilise comme arc... Enfin... 
Elle se leva, essuya ses larmes et s'enfonça dans le bois. Amos et moi ne fîmes aucun commentaire et suivîmes sa trace. 
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 18:33

Chapitre 23 : Selalia

Nous marchions doucement. La nuit tombait et nous étions fatigués par le combat contre ces espèces d'hommes-oiseaux. Une clairière apparut à nos yeux. Je tentai donc d'allumer un feu à l'aide de la magie, mais rien ne fonctionnait. Il fallut donc employer la méthode classique. Au bout d'une dizaine de minutes d'effort, des flammes apparurent enfin. Greos était en retrait. Il m'appela d'un mouvement de tête. Je m'assis à ses côtés tandis que mes compagnons se réchauffaient tant bien que mal. 
- Je devrais t'expliquer le fonctionnement de la magie. Tu n'as pas pu l'employer tout à l'heure car il s'agit d'un corps indépendant de ta volonté. Elle n'agira que lorsqu'elle le souhaite.
J'eus un rire ironique.
- Quelle utilité...
- A chaque bonne chose, il y a un revers. 
Je me levai. 
- Greos, je pense qu'il serait temps que tu m'expliques certaines choses. Qui sont ces monstres ? Comment Grey a-t-il ressuscité ? Ces derniers jours, ma vie défile et je ne me sens pas plus libre qu'une marionnette...
- Même moi je ne le sais pas. Je comprends que tu sois dépassé par les événements, il m'est aussi arrivé durant notre voyage de penser que nous errions sans but, mais nous approchons de Selalia, là-bas, nous en apprendrons plus. 
Devant mon air buté, il reprit forme spirituelle. Je l'avais peut-être froissé, même si ce n'était absolument pas mon intention.
Lorsque je rejoignis mes amis, Ils discutaient de nos ennemis. Ils se turent à mon arrivée. 
- Gamin ! Et toi, à ton avis, c'était quoi ces monstres à plumes ?
- Mmh... Aucune idée. J'espère qu'ils n'ont rien à voir avec les hommes-poissons que j'ai dû affronter avant de vous rencontrer.
- Mouais...
Le silence s'installant, je proposai d'aller chasser avec Maya car je mourais de faim. Elle accepta et nous prîmes donc la direction d'un bosquet touffu. Après quelques minutes de marche discrète, un craquement de branche nous fit lever la tête. Mais il ne s'agissait pas d'un animal. Un homme très grand, un arc à la main, traquait également une proie. La chose qui me marqua fut ses oreilles. Longues et pointues, comme celles de Laelia... Nous avions devant nous un elfe.
Avant que j'eus pu exprimer la moindre parole, une main se plaqua sur ma bouche. Une main féminine. Mais il ne s'agissait pas de Maya. Une mèche de cheveux noirs me tomba devant les yeux.
- Plus un geste ou je t'égorge...
Je constatai effectivement qu'un couteau ciselé était orienté vers mon cou, menaçant à chaque instant de me trancher la tête. D'une poigne ferme, ma geôlière me releva. 
Ce fut alors que j'entendis des bruits de course. Amos courait dans ma direction en hurlant. Devant la menace de mon compagnon, l'elfe qui tenait un arc jeta ce dernier à ses pieds et prit un coutelas dans sa botte. Sans plus de cérémonie Amos lui balança un coup de poing dans la mâchoire, faisant reculer son adversaire.
Profitant de la surprise de la femme qui me retenait, je la fis passer au dessus de mon épaule, la faisant s'écrouler au sol. J'arrachai son couteau et le pointai sur elle. Mais je le lâchai immédiatement. Car l'elfe ressemblait comme deux gouttes d'eau à Laelia. Son regard se plongea dans le mien. Le temps sembla s'arrêter un instant.
- Cessez le combat.
Ses paroles me surprirent.
- Ils sont bienveillants. Cet homme a rencontré ma fille.
Je secouai la tête afin de m'assurer de ce que je venais d'entendre. J'avais en face de moi la mère de Laelia ?
Elle se releva et nous fit signe de la suivre. Ses hommes se rassemblèrent, celui blessé par Amos se massant le menton. Nous marchâmes longtemps dans la forêt jusqu'à ce qu'une véritable merveille s'offre à nos yeux. Un palais entièrement construit d'arbres et de feuilles s'imposait au milieu de la forêt. Les troncs s'entrelaçaient, formant des chemins tortueux au milieu de ce château taillé en pleine nature. Mais quelque chose me dérangeait... Maya ! Où était elle ? Je me tournai vers celle qui prétendait être la mère de Laelia.
- Elle est déjà ici. Les femmes sont vénérées dans la tribu de Selas.
Elle avait lu dans mes pensées...

Chapitre 24 : Révélations

Le groupe de guerriers nous entoura afin de pénétrer dans la citadelle. Deux gardes armés d'une lance croisaient leurs armes dans un geste défensif. A la vue de nos geôliers, ils hochèrent la tête et nous laissèrent entrer. La vue était surréaliste. Un sol pavé recouvrait le sol et de petites échoppes bordaient l'avenue principale. Partout, des elfes faisaient leurs achats ou discutaient dans un joyeux brouhaha. Les mères appelaient leurs enfants, ces derniers courant en bousculant les passants qui les observaient avec un petit sourire. La mère de Laelia congédia ses compagnons et avança vers le château qui surplombait cette ville par sa hauteur. 
Durant le trajet, j'avais pris conscience que j'avais déjà vu cette femme, mais j'ignorais complètement où et quand...
Je me rendis également compte que le sol en pierre s'était transformé en une matière brune qui s'effritait sous nos pas. Il s'agissait d'un énorme morceau d'écorce menant au palais. Les portes étaient également bien gardées. Une fois les gardes rassurés, nous fîmes notre entrée dans l'endroit. Un grand escalier en bois menait à plusieurs pièces en hauteur. Nous le montâmes et atteignîmes une grosse arcade. Derrière cette dernière se trouvait une grande salle ronde. Une grande table en bois nous y attendait, entourée de treize chaises. Des femmes âgées étaient assises. Elles discutaient à voix basse.
La mère de Laelia s'agenouilla et nous força à l'imiter. - Que nous amènes-tu, ma bonne Stella ?
Les femmes avaient parlé avec une synchronisation parfaite.
- Des étrangers. Enfin, le vieux. Je connais le jeune homme, Saintes Mères.
Elles se levèrent d'un seul geste et s'approchèrent de moi.
- Nous sommes les Saintes Mères, interprètes du Destin... Nous parlons en l'honneur des Origines. 
Nous te sommons de nous révéler ton identité.
- Je suis Silas Deron. Voici mon ami Amos, ambassadeur de l'Empereur. Et ceci est mon épée, Kil'lalia, réceptacle de Greos.
Les Mères levèrent un sourcil en même temps.
- Deron ? Kil'lalia ? Greos ? Tu es bien entouré, ne fut-ce que par ton nom.
Mon nom ? Qu'avait-il de spécial ?
Elles sourirent.
- Tu portes le même nom que Stella...
La nouvelle me frappa tel un coup de fouet. La mère de Laelia, je l'avais vue dans mes rêves, celui qui montrait la mère de mon frère jumeau. Ma mère. Reine du royaume de Dreonas. Cette dernière me fixait assez bizarrement, comme si elle voulait s'excuser.
- Mon fils...
Je repoussai son étreinte et sortis. Comment cette femme qui m'avait abandonné pendant des années pouvait venir me serrer dans ses bras ? Je pouvais pardonner mais pas éternellement. Amos me suivit en tentant de me calmer.
- Gamin ! C'est ta mère, tout de même !
- Qu'elle aille en enfer ! J'ai eu une sœur, morte devant mes yeux, et je ne le savais même pas. Elle m'a abandonné au profit de mon jumeau, uniquement parce qu'il avait une heure de plus que moi. Alors, non, je ne me calmerai pas !
Il s'arrêta net. Les soldats à l'entrée voulurent me bloquer. Je balançai un coup de poing dans la figure de l'un et cognai sa tête contre celle de son condisciple. Immédiatement, une cohorte de guerriers me bloquèrent. Je tentai de me défendre mais ils étaient trop nombreux. Je fus emporté après avoir été assommé.

Chapitre 25 : Ville agitée

Je me réveillai dans une cellule humide dont les murs suintaient abondamment. Je me relevai tout en portant une main à mon crâne. Du sang séché collait à mes cheveux, les rendant compacts. 
- Il est debout !
Un garde m'observait à travers les barreaux de la porte. Il saisit un trousseau de clés à sa ceinture et me délivra. Son compagnon l'aida à me retenir pour m'emmener dehors. Nous montâmes une volée de marches. Nous fîmes surface dans à l'intérieur du château. 
- Et ouais, le palais possède un réseau de souterrains qui s'étend jusqu'à la capitale. Une partie nous sert de cachots.
Je grommelai un remerciement pour son information. Je montai les escaliers de l'endroit pour la seconde fois dans la même journée. Les gardes me poussèrent à l'intérieur de la salle où les vieilles femmes m'avaient appris que j'étais le frère de Laelia.
Ces dernières étaient toujours assises autour de la table, me fixant de leur regard perçant. Je constatai avec soulagement que ma "mère" n'était pas là.
- Tu as commis un crime. Étant donné que tu ne connais pas les règles de notre forêt, tu ne seras pas puni. Dame Stella nous a laissé un message pour toi.
Un garde avança et me tendit un parchemin roulé. Une fine écriture indiquait "A toi, mon cher fils".
- Tu le liras dans la chambre qui t'es réservée. Ton ami t'y conduira. 
Amos surgit de l'ombre et me fit un signe de la tête signalant que tout se passait bien.
- Va, Silas Deron.
Je m'inclinai et suivis mon ami. 
Dès que nous fûmes seuls, l'ambassadeur se retourna.
- Tu as eu de la chance. Apparemment tu as brisé une règle importante. Aucune violence ne peut voir le jour dans cet endroit.
- Mouais... Si tu le dis... Sais-tu où est Maya ?
Il marqua un temps d'arrêt. 
- Ahem... Non...
Que me cachait-il ?
Je n'eus pas le temps de le lui demander. Il m'indiqua une porte.
- Tu crèches ici. Dans une heure, tu dois aller à la place du village. Y aura un banquet ou un truc du genre.
Il claqua la porte derrière moi et je me retrouvai seul face à moi-même. Je pris d'un geste mal assuré la lettre de ma mère et la déroulai.
"Mon fils,
Sache tout d'abord que je t'aime plus que tout au monde. La décision que j'ai eu à prendre lors de ta naissance a été la chose la plus compliquée que j'aie jamais eu à faire. Je te prie de m'excuser pour ce choix irréfléchi. Maintenant que je t'ai enfin retrouvé, je dois t'expliquer ce qui s'est passé après ton départ.
Ton père a appris la nouvelle et s'est dit que tu pourrais nuire à sa réputation. Voulant éviter cela, il partit à ta recherche, laissant le royaume à ton frère qui n'avait que dix-sept ans. La rumeur courut que son propre fils l'aurait assassiné, mais comme ce dernier était occupé à diriger, l'affaire fut oubliée. Moi, je savais ce qui s'était passé. C'était toi qui l'avais tué. 
Je ne t'en veux pas pour ton acte, si horrible fut-il car je t'ai enfin retrouvé, mon enfant perdu. Une année passa. Je voulais te retrouver absolument. J'ai donc envoyé ta sœur illégitime, issue de ma précédente union avec un elfe, à ta recherche. Mais je ne sentais pas prête à te rencontrer. Je lui ai donc ordonné de te trouver un travail où tu serais protégé et de te trouver une arme pour te défendre. Une illumination m'éclaira alors. Kil'lalia, la lame protectrice de notre pays. Je la déposai dans ton camp alors que ta sœur te faisait rencontrer les esprits draconiques. Mais elle revint en courant car elle avait un mauvais pressentiment après t'avoir indiqué où nous serions. Ses craintes se réalisèrent. Une troupe de monstres nous attaqua. Elle se sacrifia afin de me protéger et m'indiqua un passage souterrain vers la forêt. J'arrivai donc dans ce peuple où les Saintes Mères m'offrirent une nouvelle vie de chasseresse. Je suis maintenant remariée au père de Laelia et j'habite chez lui. Ton amie se trouve également dans notre maison. Elle a choisi de suivre la voie de notre tribu. Elle est désormais chasseresse. Chose qui la lie à jamais à son père adoptif, Jayo, mon époux. Ce qui fait donc de toi son demi-frère. Vous ne pouvez plus avoir d'attirance l'un pour l'autre, selon nos lois ancestrales. Je suis désolée, Silas. Tu ne peux plus aimer Maya.
Ta mère qui tient à toi.
PS : Je suis partie chasser avec Maya. Si tu cherches ma maison, demande aux gardes."

Non.. Après les retrouvailles forcées, voilà que la mère m'interdisait de fréquenter Maya... Je secouai la tête. C'étaient trop d'information d'un coup. Je devais me détendre. Il me restait du temps avant le banquet, alors pourquoi ne pas visiter la ville sylvestre ?
Je pris Kil'lalia avec moi car je ne savais pas ce qui m'attendait. Mais un détail me gênait. La tête de Greos ne se trouvait plus sur la pierre spirituelle. 
Il parlait peut-être avec les Mères... 
Respirant un bon coup, je quittai la pièce. Un homme surgit.
- Bonjour, seigneur. Je suis chargé de vous faire visiter Selalia.
- Bien. 
C'était un jeune elfe qui se nommait Knil'o. J'appris qu'il était majordome et qu'il devait s'occuper de moi durant mon séjour dans le château. Il était souriant et respirait la joie de vivre. Je le suivis donc sur l'écorce qui reliait le palais à la ville proprement dite.
- Il s'agit d'une branche de l'Arbre Sacré qui s'étend au-dessous de Selalia. On raconte que sa sève peut guérir n'importe quel mal et que les dragons Originels sont sortis de ses racines ! 
Arrivés dans le village, j'observai les boutiques.
- Ici, nous avons la rue principale qui contient tous les marchands. Plus loin se trouve la place principale. Tous les grands événements se passent là-bas. Maintenant je vais vous laisser seul durant une bonne demi-heure car je dois préparer le banquet de ce soir.
Voici de l'argent offert par Dame Stella. Faites le tour des boutiques. Si vous avez besoin d'aide, demandez à un passant, il vous répondra sans mal.
Je hochai la tête et il s'éloigna. 
J'avançai alors dans l'allée. Un endroit m'attira rapidement, il s'agissait d'une armurerie. Je ne m'intéressais pas aux armes qui y étaient proposées mais plutôt aux armures. Mes vêtements reçus chez Minuit n'avaient plus vraiment fière allure. La boutique était composée d'une forge et de la salle de vente proprement dite. Le tenancier était occupé à donner des coups de marteau afin de donner une forme à la lame qu'il venait de sortir du feu. 
- Bonjour.
- Attendez...
Il donna un dernier coup et plongea l'objet en fusion dans le bac d'eau glacée à ses côtés.
- Voilà ! Que puis-je faire pour vous ?
- Hé bien, je souhaiterais acheter une armure. 
Il se frotta le menton.
- Voyez, ce sera pas facile, toutes les armures sont réquisitionnées par notre armée et celle de l'empereur. Il me reste bien quelque chose...
D'un mouvement de tête, il m'invita à le suivre dans l'arrière-boutique. 
- Regardez, c'est plus tout neuf, mais avec de l'huile de coude, il y a moyen de faire de cela une petite merveille.
Il s'agissait d'une tunique constituée de lamelles de métal. Des taches de rouille et des bosses décoraient de temps à autre l'armure.
- C'est du mithril, léger et résistant. Je vous la retape pour une centaine de pièces d'or.
- J'accepte. Quand sera-t-elle disponible ?
- Revenez demain, ce sera bon.
Je pris donc congé. À ma sortie, un grand homme musclé interpela le vendeur. 
- Forgeron ! Les équipements doivent être prêts pour la semaine prochaine. J'aimerais donc que tu te dépêches.
- Bien, seigneur Jayo.
Jayo.. Le mari de ma mère.
Ses cheveux blancs étaient noués en un catogan qui retombait dans son dos, faisant ressortir ses longues oreilles. Il avait un bon visage, franc et amical.
Je détournai les yeux en pensant que ma mère aurait pu moins bien tomber.
Un cri attira mon attention. Je courus donc vers l'origine de ce bruit incongru. Dans une ruelle étroite, une petite fille serrait dans ses bras frêles une petite poupée. Un grand elfe blond la menaçait.
- Ne la touche pas !
Il se retourna. Sa laideur n'avait d'égal que l'odeur pestilentielle qui s'en dégageait. Il possédait une tête très allongée et ses yeux n'étaient pas alignés. Son gros nez surplombait une bouche d'où sortaient avec difficulté deux petites incisives.
- Hein ?! Moi c'est Syned'il, je vais te casser en deux. 
Sans plus de cérémonie, il me fonça dessus. J'esquivai rapidement et courus chercher la fillette tremblante. Je la déposai dans la rue en la repoussant vers une femme âgée. 
- J'aimais la fille ! Tu as brisé mon envie !
Le troll disgracieux tenta de m'assommer avec son gros poing. Il me suffit de me baisser. 
Ne voulant pas me faire remarquer, je ne ripostais pas, je me contentais d'éviter ses coups.
Il enrageait et ça se voyait. Tous les gens qui passaient par là s'étaient immobilisés en observant le combat. Au bout d'une vingtaine de minutes, des gardes intervinrent et bloquèrent le monstre déchainé.
La grand-mère à qui j'avais confié la fille vint me trouver en compagnie de la gamine.
- Merci de tout cœur, jeune homme. Je ne sais pas ce qui se serait passé si vous n'étiez pas intervenu. Je connais les parents, je vais la leur ramener. Vous serez peut-être appelé pour juger cet homme. Sur ce, je vous remercie. Bonne continuation.
Elle partit avec la petite. Plusieurs passants vinrent également me remercier. Je m'entretenais avec un de ceux-ci lorsqu'une cloche tinta. 
L'heure du repas avait sonné.
Chapitre 27 : Nouveau départ 

Alors que tous les elfes s'embrassaient et criaient leur joie en voulant toucher le dragon, je ne bougeais plus d'un pouce. Les larmes brouillaient ma vue. Amos me tapotait doucement le dos en répétant des paroles de réconfort qui ne me touchaient même pas. 
- Je vais m'en aller. Je n'ai plus de raisons de rester ici... Je suis seul désormais...
- Gamin...
Un doux parfum me fit lever les yeux. Les Saintes Mères me contemplaient de leur nouvelle apparence.
- La femme qui fut ta mère t'as laissé un dernier message. Nous l'avons fait déposer dans ta chambre, Silas Deron. Maintenant, va.
Sans une parole, je me levai et pris la direction du château. Mes pas étaient lourds. 
- Messire !
Un homme courait à ma rencontre en levant la main.
Arrivé à ma hauteur, il souffla un instant. Il s'agissait du forgeron auquel je voulais acheter une armure.
- Votre plastron... Il est prêt. J'ai finalement décidé de vous le donner. J'ai vu ce qui est arrivé à votre mère et je n'ai pas le cœur de vous faire payer après cela.
- Merci...
Il sourit.
- Je l'ai faite livrer dans le Palais Feuillu. J'espère que ça vous plaira.
Sur ces mots, il repartit faire la fête avec ses camarades elfes. L'allée principale était complètement vide, je fus donc rapidement parvenu à mon domicile provisoire. Je retrouvai ma chambre. Les maillons de mithril de l'armure posée sur mon lit rayonnaient dans la demi-pénombre. Juste à côté, il y avait un fin rouleau de parchemin. Je le dépliai et approchai mon visage pour déchiffrer l'écriture de ma mère.
"Mon fils,
Je sais que je n'ai pas été ce que l'on pourrait appeler une bonne mère. Tu as du rester seul par la force des choses... Mais le passé doit rester derrière nous. Je comprends que certains points sur ma fuite de notre royaume restent sombres, aussi je vais m'expliquer de façon plus claire.
Ta sœur et moi n'avons pas eu d'autre choix que de nous enfuir car ton frère, devenu roi, devenait violent. Il se surestimait et avait pris pour habitude de se pavaner. Un jour funeste, il me frappa. Ta sœur, venue en visite, me protégea mais il nous obligea à partir. Son ego en avait pris un coup. Parfois même, il en venait à divaguer. Il disait que ses combats dans l'arène étaient difficiles, que les nobles n'étaient que de vulgaires rats graisseux. Tu comprendras donc aisément que j'aie pris la fuite. 
Désormais, j'aimerais que tu me rendes un service. Rends-toi à Kinora, la ville où fut forgée Kil'lalia. Tu y rencontreras une femme dénommée Malay. Cette vieille dame t'enseignera un art qui pourrait te permettre de localiser ton frère. Je veux que tu le raisonnes et qu'il rejoigne nos rangs. La guerre gronde. Sache que je me suis sacrifiée pour que le Seigneur Multaros renaisse et vienne en aide à tous les peuples de ce monde oppressé. 
Je n'ai pas eu beaucoup d'occasions pour te le dire mais... Je t'aime, mon fils."
J'essuyai les larmes qui coulaient le long de mes joues. Même si ma mère n'avait pas forcément manifesté beaucoup d'affection à mon égard, je devais lui faire cette faveur... Je me déshabillai et m'endormis d'un sommeil agité.
Demain, j'allais partir pour une ville inconnue.
Pour la seconde fois en seulement quelques semaines.

Chapitre 28 : Départ 

Ma nuit avait été perturbée par de nombreux cauchemars. Des dizaines de questions trottaient encore dans mon esprit, envahissant mes pensées. 
Pourquoi mon frère s'était-il retrouvé exilé ?
Serais-je à la hauteur pour le raisonner ?
Je secouai la tête afin de chasser ces incertitudes. J'avais une ville mystérieuse à trouver. 
Je m'équipai donc de ma nouvelle armure et attachai le fourreau de Kil'lalia à mon ceinturon en constatant que Greos n'avait pas daigné rentrer dans sa pierre spirituelle. Mon regard s'attarda un instant sur le miroir posé dans un coin de la chambre et mon reflet m'effraya. J'avais maigri énormément et mes yeux rougis par le manque de sommeil surplombaient un visage émacié. M'arrachant à ma propre vision, je quittai la pièce. Le soleil n'était pas encore levé et le silence me surprit. Les elfes devaient se reposer après les festivités de la veille.
- Alors gamin, tu nous quittes ?
Je sursautai. Amos me contemplait en souriant.
- Je dois m'en aller. Je pars pour la ville de Kinora. Et toi, que vas-tu faire ?
- Les vieilles peau m'ont accordé la puissance de leur armée pour la guerre à venir. Ma mission est terminée, je vais donc retourner à la capitale.
- Il me semblait qu'elle avait brulé.
Il partit d'un grand rire.
- Ça c'est la ville administrative ! L'empereur et ses vassaux prennent les décisions importantes dans un lieu secret. Enfin... J'espère qu'on se reverra.
- Moi aussi. Au revoir Amos.
Nous nous fîmes une accolade fraternelle et je quittai la majestueuse ville sylvestre. Au portail, deux gardes surveillaient les rares allées et venues des passants.
- Sire Silas, les Saintes Mères nous ont ordonné de vous donner ceci.
L'un deux sortit une sphère verte de sa besace. 
- Si vous la brisez, vous vous retrouverez directement ici, devant la ville. Et voici une carte qui vous mènera à Kinora. Bon voyage, seigneur.
Je pris les objets et les remerciai.
Décidément, les Saintes Mères savaient bien des choses...
Le parchemin m'indiquait le nord. Selon lui, un chemin direct me mènerait hors de la forêt. Je suivis donc cet itinéraire. Il me fallut plusieurs heures de marche avant de sortir du couvert des divers arbres. J'étais arrivé à une grande plaine herbeuse. Quelques lapins gambadaient de ci, de là sans se rendre compte de ma présence. J'aperçus une fumée dans le lointain. Peut-être un campement de chasseurs ou de marchands. Je pris donc cette direction, sans trop savoir à quoi m'attendre. Il s'agissait effectivement d'un groupe de commerçants qui faisaient cuire de belles pièces de viande. 
- Bonjour l'ami ! 
Je m'approchai en souriant.
- Bonjour messieurs.
Un grand homme se leva. Il devait avoir une quarantaine d'années et marcha d'un pas assuré vers moi, puis me serra la main. 
- Je suis Dembam et j'ai l'honneur de diriger cette joyeuse petite troupe. Accepteriez-vous de nous acheter quelque objet ?
Je n'avais besoin de rien, mais l'idée de pouvoir obtenir à manger me fit répondre par l'affirmative.
- Hé bien venez donc mon ami !
Je le suivis dans une tente dressée non loin du feu. Ses collègues riaient et s'esclaffaient dans une langue étrangère. Je pénétrai donc sans méfiance dans l'habitat de fortune. Des dizaines d'objets étaient rassemblés là. Dembam me lança un sourire éclatant en me montrant l'amas d'artefacts.
- N'hésitez pas, fouillez un peu.
Mon regard parcourut le tas et quelque chose attira mon attention. Une couronne incrustée de pierres précieuses d'un noir de jais. Tout près, un gros sabre, noir lui aussi, reposait tranquillement.
Cette arme... Kriss'Kalos !
Je me retournai et croisai le regard du marchand.
- Vingt-mille pièces d'or pour cette magnifique épée ! Une aubaine !
Je serrai les dents et l'empoignai par le col.
- Où est Minuit ?
Il se crispa.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez. Lâchez-moi. J'ai bêtement trouvé ce sabre planté dans le sol à quelques kilomètres au nord. La couronne était avec.
Mon sang ne fit qu'un tour et je quittai la tente. Minuit était peut-être en grand danger...
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 18:33

Chapitre 29 : Retrouvailles

Je courus à toute vitesse dans la plaine, en direction de l'endroit où le marchand avait trouvé les attributs de Minuit. J'avais d'ailleurs récupéré Kriss'Kalos et l'avais fixé dans mon dos. Je remarquai que Ragnos avait également quitté sa pierre spirituelle. Décidément, les dragons avaient pour habitude de disparaitre sans laisser de traces... 
Je parvins à destination. Au pied d'un des seuls arbres de la gigantesque prairie. Je fouillai les environs, sans rien trouver d'autre qu'un petit trou non loin du vieux chêne. Alors que je cherchais la moindre preuve du passage de mon ami, je sentis quelque chose me tirer par la cuisse. Une hideuse pattes griffue sortait du trou et tentait de m'y attirer. J'eus beau de débattre, frapper la main velue, je fus avalé dans les entrailles de la terre en perdant connaissance.
À mon réveil, je constatai que j'étais attaché et que mes yeux étaient bandés. Kriss'Kalos et Kil'lalia avaient disparu.
- Silas ?
Une voix étouffée parvint à mes oreilles. Celle de mon ami.
- Minuit, c'est toi ?
- Oui... Je suis lié à quelques mètres de toi. Ces petites créatures m'ont agressé durant mon voyage.
- Quel voyage ?
J'entendis Minuit inspirer longuement.
- Ce sera assez difficile à expliquer...
- Je pense qu'on a le temps.
- Oui. En fait, après que j'aie été rejeté par le socle du feu, je me suis réveillé dans un abri de fortune. Les villageois m'apprirent que des centaines d'êtres hybrides venaient d'envahir mon royaume et qu'ils étaient les seuls survivants. Plusieurs jours passèrent sans que je puisse faire quoi que se soit. Mais un jour, les monstres découvrirent notre cachette. Seuls deux personnes réussirent à échapper à leurs instincts sanguinaires. Une jeune femme nommée Mélia et moi-même. Nous décidâmes de fuir à Selalia, l'endroit où tu étais sensé t'être rendu. Mais nous nous perdîmes dans la forêt et sommes sorite de cette dernière sans trouver aucune ville. Là, des créatures nous attirèrent dans ce trou, me faisant perdre Kriss'Kalos. Tu connais la suite.
- Mais où est cette Mélia ?
- Les monstres l'ont emmenée il y a quelques heures maintenant. Je ne sais pas ce qu'ils lui font subir...
Sa voix se brisa et je perçus des sanglots.
- Au fait Minuit... Je m'excuse d'avoir fui de la sorte...
Il se reprit.
- Ce n'est rien. Tu avais un but précis...
Un lourd silence s'installa. De longues minutes s'écoulèrent avant qu'un bruit de porte se fasse entendre, accompagné par de multiples grognements.
Des cris gutturaux retentirent et on me retira mon bandeau. Je pus voir que je me trouvais dans une grande pièce sombre. Un être mi-homme, mi-porc me regardait de ses petits yeux noirs. Un de ses condisciples détacha Minuit et je vis que mon ami n'était pas en très bon état. Il avait perdu beaucoup de poids et ses longs cheveux avaient perdu de leur éclat. On nous conduisit dans une autre salle, beaucoup plus grande. Des dizaines d'homme-porcs s'affairaient dans la pénombre autour d'une table. Une belle jeune femme nue y était allongée. Son corps était couvert de cicatrices. Grande, elle avait de longs cheveux noirs bouclés. Elle semblait endormie, mais ses paupières frissonnaient à chaque fois que les monstres lui touchaient la peau. 
- Lâchez-la, immondes créatures puantes !
Minuit se défit de l'emprise de ses geôliers et se jeta sur ceux qui observaient la jeune fille. Empli de rage, il frappait de ses poings, griffait et mordait. Je profitai de la confusion qu'il avait provoqué pour faucher l'être qui me retenait et en cogner un autre. J'aperçus un reflet dans la noirceur des lieux. Les deux armes sacrées. Je lançai son sabre à Minuit et saisis Kil'lalia en chargeant mes adversaires. 
Malheureusement, ils avaient l'avantage du nombre. Bientôt, Minuit et moi fûmes submergés par les monstres. Un coup sur la tête m'assomma et ce fut le noir complet.

Chapitre 30 : Retour d'un ennemi

Je repris connaissance sur le sol. Un filet de sang coulait de mon crâne et je sentais la douleur envahir ma tête. À côté de moi, Minuit se frottait la mâchoire et, collée à lui, Mélia grelottait.
- Réveillés mes agneaux ?
Celui qui avait parlé était semblable aux hommes-porcs, mais en plus gros. Il était assis sur un petit trône et souriait de toutes ses dents pointues.
- Qui êtes-vous ?
Son sourire s'accentua et il commença à scintiller. Son corps velu disparut complètement pour réapparaitre sous une autre forme. Celle d'un grand homme portant un masque de bois.
- Merci pour ta Découverte de Morphée, Silas Deron. Elle me permet désormais de modifier mon apparence aux yeux des autres, c'est plus qu'utile.
Grey se leva et parcourut les quelques mètres qui nous séparaient de lui. 
- Petit effronté ! Tu as tenté de tuer mes Polaïr ?
- Tes quoi ?
- Polaïr ! Cracha l'ancien commandant. Les hommes-porcs. Je les ai créés, ainsi que les hybrides oiseaux et poissons. Polaïr, Alaïr et Akalaïr. Mélodieux n'est-ce pas ?
Je me repris et me relevai. L'imbécile m'avait laissé Kil'lalia. Je sortis ma lame de son fourreau et l'attaquai en me fendant.
- Hé hé... 
Il para avec son fouet sorti de nulle part.
- En plus, je suis en train d'élaborer de nouveaux demi-hommes. Grace aux cellules de cette trainée. Fit-il en désignant Mélia.
Puis il fit tournoyer les maillons de mithril et tenta de me frapper avec. J'esquivai avec une roulade et tentai de le blesser d'estoc, mais je n'eus plus rien à faire. Un bout de métal noir dépassait de sa poitrine, tâché de son sang. Le fer de Kriss'Kalos l'avait traversé de part en part. Grey s'écroula, puis disparut. Je vis que Minuit tenait fermement la garde de son arme.
- Je ne pense pas qu'il soit mort. Mais tu nous as sortis d'un sacré pétrin...
Il acquiesça silencieusement et rangea son arme en l'attachant dans son dos.
- C'est lui le commandant dont tu m'as parlé au Palais ?
- Oui... Quel sale chien...
Notre discussion fut interrompue par Mélia. La pauvre crachait son sang sur le sol. Minuit s'agenouilla auprès d'elle, ôta son manteau et lui attacha sur le dos avec douceur. Un violent mal de tête me prit soudainement. Une volonté qui n'était pas la mienne me poussa à poser ma main droite sur le front de la jeune femme et un éclair jaillit. Toutes les cicatrices qui parcouraient son corps disparurent peu à peu et sa fièvre tomba. Elle s'endormit brusquement, d'un sommeil profond. Ma magie avait opéré une nouvelle fois sans que je n'aie rien pu faire. Mon ami me regardait de façon étrange.
- C'est la magie. Elle prend de temps à autre le contrôle de mon esprit et agit. Je n'y peux rien...
Minuit hocha la tête et tenta de soulever son amie mais une idée traversa mes pensées. 
- Ne fais rien. 
Je pris l'orbe vert que les Saintes Mères m'avaient transmis et la brisai dans les mains de Mélia. La jeune femme disparut brusquement sous nos yeux ébahis.
- Je l'ai envoyée à Selalia.
- Merci Silas. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi...
- Pas de problèmes. 
Je saisis une torche qui illuminait les lieux. 
- Maintenant, il va falloir sortir d'ici.
Car un véritable souterrain s'étendait sous les plaines du nord...

Chapitre 31 : Prêtrise

Après plusieurs heures éreintantes de marche souterraine, Minuit et moi parvînmes à la sortie qui se présentait sous la forme d'un trou dans le sol qu'il fallut agrandir pour passer dedans. Imité par mon ami, j'époussetai mes vêtements et mon bouclier.
- Je hais la terre...
- Tu m'ôtes les mots de la bouche. La nuit ne va pas tarder à tomber, il nous faudrait rejoindre Mélia à Selalia.
- En fait... Je ne retourne pas là-bas. Pas tout de suite...
Je contai à Minuit mes retrouvailles avec ma mère.
Il ne parut pas hésiter une seconde.
- Je te suis. Mais sans Ragnos. Il a disparu de sa pierre spirituelle...
- C'est inquiétant... Greos aussi. Je me demande si ça n'a pas un rapport avec l'invocation de Multaros.
Le jeune roi haussa les épaules.
- On fera bien sans eux. Selon ta carte, sommes-nous proche de Kinora ?
Je consultai le parchemin.
- Apparemment, nous ne sommes qu'à une dizaine de kilomètres. 
- D'accord, en avant !
Nous suivîmes le chemin indiqué par la carte. Le froid s'intensifiait peu à peu et Minuit commençait à regretter sa cape léguée à sa douce amie. Le changement de température était vraiment brusque. L'herbe commençait à craquer sous nos pas et de la buée s'échappait de nos lèvres frigorifiées. De petits flocons tombaient en même temps que la nuit, refroidissant encore l'atmosphère.
Soudain, dans la pénombre, quelques lumières s'allumèrent. Je parvins à apercevoir quelques maisons entourées d'une clôture. 
- On y est !
Minuit claquait des dents avec une force telle qu'il ne pût répondre. Nous franchîmes le petit porche et j'entendis une sorte de tintement, qui allait en grandissant. Bientôt, un véritable vacarme retentit dans le village accompagné par une voix bourrue.
- Venez mes frères. L'appel des Origines résonne dans la nuit noire !
- De quoi s'agit-il ?
Minuit me sourit.
- Tu n'as jamais assisté à une cérémonie des Origines ?
- J'en ai seulement entendu parler. C'est une sorte d'hommage célébré dans certaines villes pour rendre hommage au temps anciens.
- Exact. On appelle les maîtres de ces cérémonies les Prêtres du Passé. Leur savoir est immense et ils sont choisis pour leurs capacités au combat. Un Prêtre du Passé se doit de protéger les habitants de son village, tel un roi le ferait de son peuple... 
Ses explications furent stoppées par une exclamation d'enfant.
- Regarde maman, des étrangers !
Le garçonnet qui avait parlé tirait sa mère par la manche en nous désignant du doigt. Je pris conscience que des dizaines de gens convergeaient vers les bruits de cloche. La mère du petit avait la quarantaine et son visage était encadré par de longs cheveux blonds qui semblaient se fondre dans la neige. Ils étaient habillés d'amples manteaux de peau. 
- Bonjour madame. Nous cherchons une certaine Malay. 
Elle fronça les sourcils. 
- Pourquoi ? Que vous a-t-elle fait ?
Puis son regard croisa nos armes et elle écarquilla les yeux.
- Ces épées... Suivez-moi à la cérémonie, vous y trouverez Malay.
Après un bref hochement de tête, nous suivîmes l'étrange femme, dont le fils gambadait en parlant de son père. Notre petit groupe parvint à un grand bâtiment où un homme au regard dur sonnait une cloche avec puissance. Ses cheveux et sourcils bruns et broussailleux tombaient sur ses larges épaules et, malgré l'heure tardive et le froid, il était seulement habillé d'une tunique noir. Un dragon était dessiné sur son habit et une énorme hache à double tranchant dorée pendait, accrochée à sa ceinture. Minuit me montra discrètement la hampe de l'instrument de guerre. Une grosse pierre dorée se distinguait des autres cailloux précieux. Une pierre spirituelle.

Chapitre 32 : Kaïn le brave

- Kaïn, ces étrangers souhaitent parler à Malay.
La femme lui glissa ensuite quelques mots dans l'oreille.
L'homme nous contempla un moment avant de lâcher d'une voix bourrue.
- Ma mère est morte. Qu'est ce que vous lui voulez ? Et d'où sortez-vous ces armes spirituelles ?
Je pris la parole.
- Je suis Silas Deron et c'est ma propre mère, Stella, qui m'envoie. Voici Minuit, le roi des contrées de la Solire.
- Ex-roi, grommela mon ami.
- Selon Stella, dame Malay connaissait l'endroit où vit mon frère.
Kaïn haussa les épaules.
- Il me semblait bien qu'il y avait un air de famille avec l'autre... Écoutez, j'ai une cérémonie des Origines à célébrer. Vous me reparlerez de votre histoire après.
Le gamin qui nous accompagnait attendit que le Prêtre se taise pour lui sauter dans les bras.
- Dis papa, ils peuvent rester les deux hommes ?
- On verra Laon, on verra. Reste avec maman et sois sage pendant la cérémonie, d'accord ?
- Oui papa !
Autant il avait été froid avec moi, autant il serra son fils contre lui... Tel un véritable père aimant.
Le petit repartit dans les jupes de sa mère, qui nous jeta un dernier regard avant de rentrer dans le grand bâtiment noir. Nous la suivîmes à l'intérieur et la richesse du décor me frappa.
Les murs, couverts de longues tapisseries, étaient blancs et illuminaient toute la pièce. Des dizaines de rangées de bancs en or étaient disposées en face d'un autel d'argent recouvert d'une nappe quadricolore. Verte, rouge, noire et bleue. L'air, le feu, les ténèbres et l'eau, les éléments qui régnaient sur le monde. Les tapisseries représentaient les quartes dragons des Origines et je reconnus avec surprise les visages reptiliens de Greos et Ragnos. Le plafond était une énorme mosaïque dorée. Un gigantesque serpent ailé semblaient observer la salle. On avait gravé son nom sur son ventre écailleux. Multaros.
Beaucoup de gens étaient rassemblés dans cette espèce de chapelle, malgré l'heure tardive. Accompagné de Minuit, je pris place sur un banc au fond et Kaïn fit son apparition. Il avança entre les bancs pour venir se placer devant l'autel.
- Habitants de Kinora ! J'ai convoqué cette cérémonie exceptionnelle pour des raisons qui déplairont à plus d'un. Ce matin, un messager venu de la capitale s'est rendu en ces lieux-même, alors que j'étudiais des Livres Originels. Il était vêtu de haillons et son n'était plus qu'une plaie béante. Malgré le sang qui étouffait la parole de ce brave homme, il parvint à me conter le cruel destin de la ville de l'Empereur. Des hordes de démons ont envahi ce bas-monde et ont ravagé notre belle capitale, détruisant, brulant, tuant tout sur leur passage. À leur tête, un homme masqué commandait et son fouet claquait sur chaque innocent qu'il croisait.  Après ce macabre récit, le pauvre homme s'effondra, mort. Je ne peux rester immobile devant ces actes barbares. Moi, Kaïn, je partirai demain rejoindre l'Empereur pour lui assurer protection. Si quiconque en cette salle s'oppose à mon projet, qu'il parle maintenant.
Un brouhaha s'éleva dans la salle. Rapidement, un homme leva la main et tous les autres se turent.
- Kaïn, j'approuve ton choix, mais qui veillera sur notre bonne ville ?
- Vous allez partir dans les Monts de Glace, au nord. Personne ne viendra vous chercher noise dans ces cavernes reculées.
Des pleurs s'élevèrent et le petit garçon de tout à l'heure courut dans les bras de son père.
- Je ne veux pas que tu partes !
- Laon... Ta mère veillera sur toi.
Devant tous les villageois, Kaïn s'agenouilla devant son fils.
- Je te promets qu'il ne m'arrivera rien. Je vais revenir bientôt et je t'apprendrai à pêcher, comme je te l'ai promis. Mais je dois partir.
Le gosse hoqueta encore un instant, puis revint vers sa mère.
L'église se vida peu à peu, chacun venant souhaiter bonne chance à Kaïn. Pour finir, Minuit et moi approchâmes. Seuls le Prêtre et sa femme restaient devant l'autel, discutant à voix basse.
- Et ouais... Je l'avais oublié celui-là.
- Kaïn, ma mère m'a dit que vous pourriez me donner un moyen de trouver mon frère. C'est primordial pour moi...
Il secoua la tête.
- Écoute, je ne vais pas te dire où se trouve ton frère. Par contre, je peux t'y accompagner. Nous devrons prendre un bateau pour atteindre une ile. Là-bas, tu  le retrouveras. 
- Bien... Mais vous n'avez pas un voyage à effectuer.
- C'est sur ma route. Je suppose que ton ami vient avec nous...
- Bien entendu que je viens ! 
- D'accord. Mais j'aimerais que vous m'expliquiez où vous avez trouvé ces armes.
Nous racontâmes chacun notre histoire. Puis nous le questionnâmes à notre tour sur l'origine de sa hache.
- Kal'radan a été forgée en même temps que vos épées. Elle représente le dragon du feu, au même titre que Greos et Ragnos. Malheureusement, tout comme ces deux-là, Calcinos a disparu depuis deux jours. Je pense qu'ils ont rejoint la Seigneur Multaros, maître de tout élément. 
- S'il y a un dragon pour chaque élément d'origine, qui détient celui de l'eau ?
- Aqualos ? Je sais que sa pierre est incrustée dans Kun'mala, un katana spirituel. Je connais parfaitement la personne qui possède cette arme. Maintenant, je vous en ai assez dit. Vous dormirez ici et je vous réveillerai demain matin, à l'aube. Nous irons à Hendal, le port le plus proche. Bonne nuit messieurs.
Il prit congé, suivi par sa femme. Minuit et moi tombions de sommeil, aussi nous prîmes place sur un banc et sombrâmes. J'eus une dernière pensée pour Greos avant de me jeter dans les bras de Morphée.

Chapitre 33 : Route vers Hendal

Le réveil fut assez brusque. Un énorme bruit retentit dans la pièce et je saurai au bas du banc sur lequel j'étais allongé, imité par un Minuit ensommeillé. Kaïn était entré en poussant les lourdes portes. Il avait revêtu un gros manteau à capuche et un grand sac pendait dans son dos.
- Alors messieurs... On commence seulement à se lever ?
Il partit d'un grand rire. Courbaturé, je m'étirai longuement.
- Dépêchez-vous d'enfiler ça. Tous les habitants sont déjà partis et on devrait bientôt faire de même.
Il nous jeta de larges pelisses de fourrure dont nous nous vêtîmes. Le contact des poils extrêmement doux me donna envie de me rendormir mais la grosse voix de Kaïn me rappela à l'ordre. 
- Il nous faudra la journée pour atteindre Hendal, puis plus de trois jours jusqu'à ton frère. Questions ?
- Et il va encore beaucoup neiger ? Demanda Minuit.
- Plus que tu ne peux l'imaginer... Allez venez.
Nous quittâmes la salle et le calme me frappa. Le jour pointait à peine et plus personne ne se trouvait dans la ville. Nous suivîmes Kaïn au portail d'entrée où piaffaient trois étalons noirs. Leur robe sombre tranchait avec le blanc de la neige. De leurs naseaux s'échappaient de petites volutes de buée. Minuit et Kaïn montèrent sans problèmes. Par contre, j'eus quelques difficultés à me hisser sur ma selle. Je n'avais pas vraiment appris à monter chez les Ailes de Serpent, mais je devrais me débrouiller.
- En avant les jeunes !
Mes deux amis talonnèrent leur monture et s'élancèrent dans la plaine enneigée. Je tapotai les flancs de mon cheval et il partit au quart de tour, manquant de me déséquilibrer. Je rattrapai mes compagnons tandis que Minuit s'esclaffait.
- Oh c'est bon, hein ! On n'a pas tous été élevé dans un palais...
Et il rit de plus belle.
La première partie du voyage se déroula sans encombre, si ce n'est que je manquai de tomber une dizaine de fois. Vers midi, nous fîmes une halte pour nous restaurer. Je me pris les pieds dans les multiples courroies de la selle et m'écroulai lamentablement dans la neige. Je me relevai sous les moqueries de Minuit qui pleurait de rire.
- Tu vas voir...
Je lui sautai dessus et le plaquai au sol. Il roula sur lui même pour m'éviter. Il se jeta sur moi, mais j'avais des épaules plus larges que lui et il fut projeté par terre.
- Bon les enfants, vous avez fini de vous chamailler ?
Je souris en regardant Minuit se relever en glissant.
- Je pense que ça ira comme ça.
Kaïn avait allumé un feu mangeait un morceau de pain et du fromage assis dans l'herbe gelée. Il nous donna une ration à chacun et nous avalâmes ce frugal repas en vitesse.
- Maintenant, on va passer dans une zone à risque. Peut-être que des monstres tenteront de nous attaquer.
- Quel genre de monstres ?
- Des Valondo. Une sorte de croisement entre l'ours, dont il possède le corps et la salamandre, cracheuse de feu.
- Tant pis pour eux ! S'écria Minuit. Je vais les exploser.
Je souris de l'assurance de mon ami. Il avait bien changé depuis ma première rencontre avec lui.
Nous remontâmes en selle et entrâmes dans un petit sous-bois. Le claquement régulier des sabots de nos chevaux était seul bruit dans cette forêt. Un grognement retentit au loin.
- Un Valondo. Si on reste calme, il ne viendra pas par ici.
Mais une énorme bête surgit d'un buisson.
- Je crois que tu t'es trompé...
L'animal possédait une épaisse fourrure et une tête écailleuse dont la langue fourchue pointait hors de sa gueule hérissée de dents. Il hurla et nous descendîmes de notre monture en sortant nos armes. Kaïn nous fit signe de rester en arrière. 
- Laissez-moi faire...
Il fit tournoyer sa hache au-dessus de sa tête et la lança. L'arme décrivit une large courbe avant de venir trancher une patte du monstre, puis elle se volatilisa et reparut dans les mains du Prêtre.
Ensuite, il toucha le sol d'un de ses tranchants et un éclair le frappa. Quand la poussière se dissipa, ses mains avaient disparu pour être remplacées par deux énormes battoirs affutés. 
- Qu'est ce que vous attendez ? Fusionnez avec votre arme !
Nous nous concertâmes du regard avec incompréhension. Je tentai de cogner Kil'lalia par terre et une décharge me vrilla la poitrine. J'ouvris les yeux et je constatai que mon épée avait remplacé ma main droite. L'instant d'après, j'étais redevenu normal, terrassé par une intense fatigue. Le sommeil me gagna et je tombai évanoui.

Chapitre 34 : Lucidité onirique

- Lâche cette arme ! Hurlai-je en pointant ma lame sur l'agresseur de mon amie.
L'homme au visage caché par un bandeau éloigna doucement son poignard de la gorge de Lena et la poussa vers moi.
- On se reverra...
- Je ne crois pas.
D'un claquement de doigts, je fis apparaitre un groupe de soldats armés qui encerclèrent le truand. 
- Tu pensais vraiment m'avoir comme ça ?
L'assassin plaqua sa paume au sol et, dans un éclair retentissant, disparut, ne laissant derrière lui qu'un nuage de poussière.
Immédiatement, mon vassal se précipita vers moi en masquant ses yeux et en me tendant mon masque. Je fixai le visage de métal sur ma tête ma vision fut réduite à deux petites fentes dans l'acier.
- Merci Kahendo. Conduis Lena dans sa chambre et fais lui préparer un bain chaud. 
Je me tournai vers la jeune femme qui frottait ses yeux fatigués en triturant ses longs cheveux d'or.
- Excuse-moi, le plan n'a pas fonctionné. Mais nous finirons par le capturer, mort ou vif.
Elle me sourit tristement.
- Il n'y a pas de problèmes. Vous pouvez toujours compter sur moi si vous avez besoin d'un appât...
Je lui fis un signe de tête et Kahendo l'emmena à-travers les rues tortueuses de la capitale.
Je me retrouvai donc seul avec mes soldats.
- Rompez. Je vais rester encore un peu en ville. Prévenez Ménélas que je ne reviendrai pas avant la tombée de la nuit.
- Bien Seigneur !
Ils se volatilisèrent de la ruelle avec leur célérité habituelle.
Avec un soupir amplifié par mon masque, je quittai l'impasse. Je n'avais toujours pas réussi à piéger le meurtrier de frère de Lena, malgré mes nombreuses ruses. En tant qu'Empereur, j'avais d'autres chats à fouetter que cela mais je me sentais comme lié à la jeune femme, qui désormais vivait seule dans mon château. Je décidai de faire le tour du marché pour me détendre. Pour une fois que Ménélas, mon intendant, n'était pas collé à mes chausses, je comptais bien en profiter. Non qu'il fut méchant, mais il parvenait toujours à me séparer du peuple. Tout le contraire de son cousin Kahendo. Celui-là était le chef de mon armée. Ces derniers temps, je passais le plus clair de mes journées avec lui, à tenter de trouver un moyen d'attraper ce criminel. Le frère de Lena n'était pas le premier de ses actes répréhensibles. Chaque semaine depuis quelques mois, on retrouvait un habitant mort égorgé, le torse déchiré d'une curieuse marque. Toujours des hommes, bruns et âgés d'une trentaine d'années. Je chassai ces tristes pensées de mon esprit en apercevant Ménélas qui s'approchait de moi en courant. Petit, trapu, chauve, l'intendant n'était pas très reluisant. Il parvint à ma hauteur avec force halètements.
- Seigneur, vous ne devriez pas rester ici, les hommes de la garde m'ont prévenu que...
- Il suffit. Je suis Empereur, je pense avoir le droit de rencontrer mes sujets.
- Mais...
- Il n'y a pas de "mais". Et cesse de m'appeler Seigneur. Tu connais mon nom, rien ne t'empêche de le prononcer.
- D'accord, Seign... Shawn...
Mais ne restez pas trop tard seul, on ne sait jamais quel truand peut surgir du coin de la rue.
- Au revoir Ménélas.
Devant mon impatience, il s'inclina et repartit au trot entre deux maisons blanches de la ville.
Bon débarras. Maintenant, j'aimerais aller voir quelques vieilles connaissances. À moi les plaisirs de la Maison des Fées. Les filles de cet endroit ont le pouvoir de me faire oublier tous mes soucis...
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Message  The Midnight King Jeu 3 Nov - 20:01

OMFG tu as mis tout tes chapitres d'un coup bravo =D
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Message  Drake Jeu 3 Nov - 20:55

Yep, il y en a même un nouveau ^^
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Message  Drake Dim 20 Nov - 23:46

Chapitre 11 : Entraînement d'un Knig

Je me réveille en sursaut en entendant un énorme bruit. Le jour est levé et des rai des lumière dardent en dessous de ma porte. Au loin, j'entends quelqu'un jurer et une voix féminine hurler des insultes.
Je repousse mes couvertures et je vais m'habiller. Le feu qui brûlait hier soir s'est éteint et des cendres reposés dans la cheminée. Je fixe mon fauchon dans mon dos et j'ouvre le battant de ma porte pour tomber sur Ike et une des sœurs Klen, Mélia, qui se crient dessus. La jeune femme tape du pied et gifle mon ami avant de s'éloigner d'un petit pas pressé.
Je m'approche du guerrier qui se frotte la joue en grommelant. 
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je m'entraînais à l'épée et j'ai tenté une nouvelle technique : lancer mon arme en l'air, sauter, la récupérer et l'abattre sur mon ennemi. Malheureusement, Mélia était dans le chemin et j'ai failli la percuter. Elle a créé une bulle de protection magique que j'ai brisée en retombant. 
Je fronce les sourcils.
- C'est dangereux ton truc... Tu devrais essayer ça dans un endroit isolé...
- Peut-être... Enfin, Link te cherchait, il est près du puits. Tu vas avoir l'honneur d'aider Arang !
Je soupire.
- Je ne sais pas trop... Il me fait un peu peur ce type...
Ike secoue la tête.
- Ne t'inquiète pas, il est très agréable à vivre. J'espère qu'il survivra aux Jeux... Bon, moi je vais aller tester ma nouvelle action un peu plus loin, à tout à l'heure !
Il s'éloigne en marmonnant des insultes. Pour ma part, je me remémore le chemin pour aller au centre du District. 
Sur la route, je longe l'orée de la forêt et je trouve Kirby devant un arbre assez haut. En m'apercevant, il sautille sur place et me désigne les pommes sur les hautes branches.
- Drake aider Kirby ?
- Euh... Oui.
Il lance un grand sourire et me grimpe sur l'épaule.
- Drake jeter Kirby dans l'arbre !
J'acquiesce et je le lance de toutes mes forces dans les feuilles. La boule rose s'accroche à un fruit en riant. La branche qui supporte ce dernier plie dangereusement et finit par craquer. Effrayé, je bondis en avant pour rattraper le petit être mais il ne me tombe pas dans les bras. Lorsque je lève les yeux, j'aperçois la mascotte qui a gonflé son corps. Il flotte paresseusement en l'air et finit par atterrir tout doucement.
- Tu peux voler ?
- Oui ! Merci Drake !
Il s'éloigne en courant en montrant sa pomme comme un trophée. Je reprends ma route vers la place principale. Après plusieurs minutes de marche, je parviens au lieu-dit où Link m'attend en parlant avec Zelda. La jeune a les yeux rougis et gonflés, comme si elle avait pleuré. En me voyant, elle esquisse un sourire, me fait un signe de la main puis s'en va.
Link soupire et éloigne une mèche de cheveux rebelle tombée devant ses yeux bleus.
- Te voilà. Tu n'es pas trop en retard, j'aurais cru que tu serais moins rapide.
- Merci...
Il se redresse et s'étire longuement. 
- On va aller retrouver Arang sur notre petite zone de combat. Tu verras, c'est assez rudimentaire mais on fait ce qu'on peut.
Je hoche la tête et nous Link me guide dans un endroit séparé du village par une petite prairie.
Quelques barrières de bois entourent une piste circulaire de sable. Sur le côté, des gradins en bois sont posés. Ils ont l'air assez mal en point...
Au centre de la minuscule arène, Arang est assis en tailleur, toujours vêtu de sa longue cape noire. Ses yeux sont fermés.
- Te voilà Link. Je sens que tu n'es pas seul... Le jeune Drake est avec toi. Actuellement, il est assez effrayé à ma vue et se demande ce qu'il fait là.
C'était exactement ce que j'étais en train de penser.
Il ouvre ses paupières et se remet debout.
- Tu n'as pas à avoir peur de moi. Je ne te ferai jamais de mal, sauf si tu venais à t'en prendre à ma femme.
Devant mon air déconcerté, il rit de bon coeur. 
- Ne t'inquiète pas, tu apprendras à me connaître.
Link s'avance sur le sable et m'invite à le suivre.
- Bon, maintenant qu'on est là, on va pouvoir entraîner Arang. Drake, le temps qu'on s'échauffe, tu vas t'installer dans les gradins et nous observer. Ensuite, tu pourras te joindre à nous.
- Pas de problèmes.
Je grimpe sur les bancs de bois et je m'assied au sommet afin de mieux pouvoir voir les deux combattants.
Link lance à Arang :
- Si tu es prêt, on va y aller !
Il sort son épée de son fourreau, décroche son bouclier qui pendait dans son dos et se jette sur l'ancien Knig. D'un pas leste, ce dernier bondit sur le côté, évitant ainsi l'attaque de son adversaire. Ensuite, il fait apparaître son arme en forme de croc en claquant des doigts et donne un grand coup horizontal sur Link, qui pare d'un mouvement de bouclier et riposte en fauchant Arang. L'homme saute au dessus du tranchant avec un saut périlleux. Mais le guerrier vêtu de vert n'abandonne pas et frappe à répétition. Tous les coups sont bloqués d'une main experte par le Knig qui repousse Link. Il lève sa lame vers le ciel et l'abat avec violence sur le sol.
Une tranche d'énergie pure noirâtre file vers son adversaire, qui tranche le rayon. Link sourit.
- On va passer aux choses sérieuses...
Il affirme sa prise sur son épée et s'élance vers Arang en virevoltant. Bientôt, de nombreux reflets du guerrier tournoient autour de l'ancien Knig qui semble déboussolé. Les ombres vertes se multiplient et finissent par fondre à l'unisson sur l'homme vêtu de noir, qui se retrouve submergé. 
- C'est bon ! Tu as gagné !
Les deux hommes partent d'un grand rire et les clones de Link disparurent. Le jeune combattant attrapa Arang par l'avant-bras et le releva avant de s'exclamer :
- À toi Drake ! 
Je déglutis. Je ne sais pas si je vais survivre à ça...
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Message  The Midnight King Lun 21 Nov - 0:04

Tu t'est gouré xD ça c'est la suite de SSBB ^^
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Message  Drake Lun 21 Nov - 17:29

Oh oh ^^'
J'ai fait la boulette Evil or Very Mad
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Message  Destred Dim 8 Jan - 10:01

Ne le prend pas mal, mais je préfère celle de Brawl. J'ai lu mais ça m'a pas trop emballé pale
Et puis, au début, tu aurais dû décrire la femme Wink
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Message  Drake Dim 8 Jan - 10:20

Je sais bien, le début est désastreux Evil or Very Mad
C'était la première fic qui j'écrivais, j'ai prévu de la refaire le commencement parce que les chapitres sont super courts, mal décrits, tu vois ce que je veux dire Smile
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Message  Destred Dim 8 Jan - 10:24

Moi, je pense qu'il faut les laisser comme elles sont, ces erreurs.
Si on les oublie ou qu'on les cache, ce ne serait pas franc, et les progrès ne seraient pas visibles pour les lecteurs.

Je te conseille donc de ne pas les refaire cheers
P.S: J'avais proposé aussi de refaire mon premier chapitre, c'est Death qui m'a dissuadé Wink
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Message  The Midnight King Dim 8 Jan - 13:23

OUhou ! la rage je pensait que Drake aurait posté la suite de sa fic' >< bon bah plus qu'as attendre alors albino
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Message  Drake Dim 8 Jan - 13:38

J'ai envie de dire... Fail TMK Smile
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Message  Drake Ven 3 Fév - 22:55


Chapitre 35 : La guerre

Je quittai la Maison des Fées par une porte dérobée à l’arrière, ne tenant pas à ce que le peuple sache que son Empereur passe ses après-midis dans un bordel de cité. Je remontai avec discrétion la rue principale de la ville, affichant de temps à autre mon masque impérial afin que les passants me reconnaissent. Certains s’inclinaient, d’autres se mettaient à genoux. Je leur faisais alors un signe de main, comme à mon habitude et ils me souriaient avant de reprendre leurs occupations. Alors que j’agitais une énième fois mes phalanges gantées, un groupe de soldats vint m’encercler, Kahendo à sa tête. Le grand homme casqué me souffla :

- Seigneur, je crains que nous n’ayons un très gros problème. Des centaines de créatures de tout type se jettent sur nos remparts. Elles ont déjà pris le poste avancé de la plage sud. J’y ai envoyé une escouade pour les retenir, mais l’heure tourne et je doute s’ils tiendront encore longtemps. Vous devez fuir par les catacombes avec l’intendant impérial, je me chargerai de l’évacuation du peuple et de la protection des murs de cette ville au péril de ma vie.

Je le fixai à travers le métal de mon masque;

- Il n’en est pas question. Que l’un m’amène Kun’Mala, je combattrai à vos côtés. Prévenez Ménélas et dites-lui d’organiser des groupes d’habitants pour qu’ils s’enfuient. Ensuite, qu’il parte en premier avec Lena.

Voyant l’ensemble de ma garde hésitante, j’hurlai :

- Exécution ! Je veux que deux groupes de soldats d’élite soient formés. Kahendo en prendra un, je me chargerai de l’autre. Nous nous rendrons sur la faille au sud avant de nous séparer. Ton groupe partira en avant pour exterminer la menace à la source, le mien prêtera main-forte aux combattants présents.

Entre-temps, quelqu’un était part me chercher une grande lame extrêmement fine, aux reflets bleutés. Sa garde était incrustée d’un énorme saphir. Je la saisis d’une main ferme et levai l’arme. Elle avait appartenu à Reyn, le frère de Lena de son vivant. Sa puissance résidait dans le fait que la pierre précieuse renfermait un puissant dragon des Origines.

- Cette terre nous appartient. Jamais nous ne laisserons un groupe quelconque de monstres nous la prendre !

Ma déclaration fut accueillie avec un cri de guerre de la part de mes guerriers. J’attachai Kun’Mala dans mon dos et fis craquer mes jointures.

- Allez-y.

Un mage de mon escouade leva les bras et nous fûmes entourés d’une sphère de vent. Une épaisse brume vint obscurcir ma vision et un murmure se fit entendre. L’instant d’après, je me retrouvai accompagné de mes compagnons de bataille sur un sol sablonneux empli de touffes d’herbes sèches. Au loin, j’aperçus un filet de fumée. Je pris donc la direction de ce repère en courant, suivi de mon groupe. Nous atteignîmes donc une plaine mise au supplice. Tant de sang recouvrait l’herbe qu’on eût cru qu’elle était rouge depuis son apparition. Des dizaines de corps étaient empilés en petits tas fumants. Un trait siffla à mon oreille et je me baissai instinctivement. Mais je n’étais apparemment pas la cible car une flèche vint se planter entre les deux yeux d’un soldats, qui s’effondra. Me retournant, j’aperçus une foule hétéroclite venir à notre rencontre. Les composants de cette armée n’étaient autres que d’horribles croisements entre l’homme et l’animal. Je dégainai la lame de Reyn et fauchai le premier assaillant. Dans le même mouvement, je tranchai une tête de vautour et envoyai un coup de pied dans le sternum d’un gorille. J’aperçus à mes côtés mes guerriers projeter des boules de feu et couper ce qu’ils pouvaient des démons qui nous attaquaient. J’ôtai la vie à un groupe entier de monstres avant de voir un colosse arriver sur le champ de combat. Son corps haut de deux mètres et demi n’était qu’un horrible tas de muscles nu. Mais ce sui me frappa le plus fut son visage. Celui d’un ours. Il leva une masse d’arme aussi longue que ma jambe et l’abattit sur le crâne de l’un des soldats, l’arrachant donc à ce monde cruel.

“Laisse-moi faire…”

Une grande puissance m’envahit peu à peu, emplissant mes membres d’une force qui n’était pas la mienne. Le katana dans ma main explosa littéralement et ma vue se troubla, obscurcie par un voile bleu. Mes poings se mirent à vibrer et une lame recourbée sortit de chacune de mes phalanges, me munissant donc de véritables griffes d’acier. De fines écailles couleur d’océan vinrent recouvrir mes mains crispées par une fureur venue du fond des âges. Je rugis et sautai sur la créature immonde en lui enfonçant la pointe de mes armes dans le ventre. Il mugit et tenta de riposter mais j’avais déjà effectué un saut périlleux au-dessus de sa tête velue. Je m’agrippai à son dos en plantant mes griffes dedans et en serrant son échine de mes cuisses. Le croisement donna de vains coups de pattes derrière lui, sans jamais me toucher. Voyant le monstre remuer de plus en plus, je me laissai tomber en poussant le colosse sur de plus petits êtres démoniaques. Il les écrasa avec un ultime cri de souffrance. Avec un sourire carnassier, j’esquivai la frappe d’un homme-poisson et l'embrochai.
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Message  mat2910 Mer 13 Juin - 18:00

35 chapitres. Shocked

Tu m'excuseras mais autant, ça me décourage. Embarassed
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Message  The Midnight King Mer 13 Juin - 18:07

Ne te décourage pas, elle est super bien, en plus on attends toujours la suite ! bounce
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